Enseignants du privé / public : des inégalités salariales inaceptables !

jeudi 14 mai 2015


Alors que la loi Censi de 2004, qui a fait des enseignants du privé sous-contrat des agents de la fonction publique, était censée aboutir à l’égalité salariale entre les profs du public et du privé, le résultat est inacceptable.
Une étude, publiée par le journal Le Télégramme de Brest, détaille les salaires des enseignants et compare ceux du privé / public.
C’est édifiant !

Salaires des profs. Le grand écart
[Rapport complet]


Selon l’Insee, la rémunération nette moyenne en France, en 2012, de l’ensemble des salariés du privé et du public était de 2.180 euros. Celle des enseignants est de 2.494 euros (primes comprises). L’Éducation dévoile désormais chaque année les salaires de ses enseignants. En 2012, le salaire net moyen atteignait quasiment 2.500 euros. Mais avec un écart de plus 1 à 4 entre les professeurs les moins payés et ceux qui le sont le plus. Les femmes gagnent par ailleurs 8 % de moins que les hommes. Ils sont 859.700 et on les dit pas très bien payés. Mais que gagnent vraiment les enseignants français ?

Les données de plus en plus détaillées que publie l’Éducation nationale dans son bilan social permettent d’avoir un panorama précis de leurs rémunérations. Sur l’ensemble des enseignants du public et du privé, premier et second degré confondus, une moitié a gagné en 2012 moins de 2.333 euros net et une autre moitié plus de 2.333 euros. À titre de comparaison, le salaire médian net en France est de 1.730 euros.

Un salaire net moyen de 2.494 euros

Si l’on prend le salaire moyen net (primes et indemnités comprises), le salaire des enseignants s’est élevé précisément à 2.494 euros. Selon l’Insee, la rémunération nette moyenne en France en 2012 des salariés du privé et du public était de 2.180 euros. Les professeurs des écoles sont incontestablement les moins bien lotis. Dans le secteur public, ils gagnent en moyenne 2.189 euros, soit 550 euros de moins qu’un enseignant du second degré. Le montant des primes - dont les heures supplémentaires font partie - explique en très grande partie cette différence. Un professeur des écoles perçoit trois fois moins de primes qu’un professeur du second degré. Mais il y a encore moins bien payé que les professeurs des écoles du public : ceux du privé gagnent en moyenne 1.995 euros. Une différence de quasiment 200 euros qui serait due à une ancienneté plus faible et à des cotisations retraite plus lourdes.

Importantes disparités

Ces salaires moyens cachent d’importantes disparités. Y compris dans le premier degré où les 10 % les mieux rémunérés perçoivent un salaire net de 45 % plus élevé que les 10 % les moins bien rémunérés, soit un écart de 800 euros. Dans le second degré, l’écart est encore plus grand : les mieux payés affichent un salaire de 71 % plus élevé que celui des moins bien payés. Les mieux lotis sont incontestablement les professeurs de chaire supérieure, ceux des classes prépa. Ils sont 2.000 et perçoivent en moyenne un salaire net de 5.727 euros. Mais certains peuvent dépasser les 7.000 euros. Une rémunération très confortable qui s’explique en partie par le montant des primes, lesquelles représentent jusqu’à 36 % du salaire brut. Derrière ce petit corps d’élite, arrivent les 45.500 professeurs agrégés. Ceux du public ont une rémunération moyenne nette de 3.483 euros. Curieusement, c’est légèrement moins que les agrégés du privé (3.491 euros). Les certifiés gagnent en moyenne 1.000 euros de moins, là encore en raison d’une différence importante dans le montant des primes. Les professeurs agrégés qui enseignent essentiellement dans le second cycle ont davantage d’opportunité de faire des heures supplémentaires.

Les femmes moins payées

C’est assez logique, plus les enseignants sont âgés et plus ils gagnent, avancement à l’ancienneté oblige. Un professeur des écoles de plus de 50 ans perçoit en moyenne 37 % de plus qu’un jeune en début de carrière qui, après titularisation, gagne 1.640 euros. Chez les certifiés, les quinquagénaires perçoivent près de 50 % de plus que les plus jeunes. Chez les agrégés, le rapport est de plus de 50 %. Les écarts salariaux sont aussi entre hommes et femmes. Globalement, les premiers gagnent 8 % de plus. Plus on monte dans l’échelle des rémunérations, plus les disparités de salaires sont grandes. Le fait qu’il y ait moins de femmes agrégées est une explication. Mais surtout, pour des raisons que l’on peut facilement imaginer, les femmes font moins d’heures supplémentaires. Dans le premier degré, en raison d’une surreprésentation des hommes dans les directions des écoles, l’écart de primes entre hommes et femmes est de 64 %.

« Largement déclassé »

Alors, bien ou mal payés les enseignants français ? Même si la différence se réduit au fil de la carrière, il est incontestable que les professeurs débutants ne sont pas très bien traités par rapport à la plupart de leurs collègues européens, notamment anglais et allemands. « On est largement déclassé dans le camp européen », souligne Gwénaël Le Paih, secrétaire académique du Snes-FSU. Une situation qui, pour le syndicaliste, explique que la profession reste peu attractive chez les jeunes. Aux derniers concours du Capes, de nombreux postes sont restés vacants dont 37 % en mathématiques.

En complément Gel du point d’indice
La dernière augmentation du point d’indice des enseignants - la référence dans le calcul des salaires - remonte à 2010. Cette année-là, il avait été revalorisé de 0,50 %. Depuis, plus rien. Un gel que dénoncent évidemment avec force les syndicats, d’autant que, selon eux, les augmentations d’avant 2010 ne compensaient pas la hausse du coût de la vie. « Depuis 2000, et malgré les changements d’échelon, un enseignant a perdu deux mois de salaire en pouvoir d’achat en euros constants », assure Gwénaël Le Paih, secrétaire académique du Snes-FSU. Il est vrai qu’au gel du point d’indice - qui sera prolongé jusqu’en 2017 - s’est ajoutée une augmentation des cotisations retraite.

© Le Télégramme - Plus d’information sur https://www.letelegramme.fr/france/salaires-des-profs-le-grand-ecart-09-05-2015-10621942.php


Voir en ligne : Bilan social du Ministère de l’éducation national