Que veut faire le ministère de l’éducation nationale avec cette nouvelle formation qui remplace celle du CAPA-SH ?
Le ministère vise à généraliser l’inclusion sans donner à l’Ecole les moyens nécessaires pour ce faire. Cette disparition de l’adaptation implique logiquement la liquidation des RASED, des SEGPA, des EREA…
Il faut se souvenir ce qu’il a essayé de faire à partir de 2008...
Cette année-là, chaque académie, a commencé à supprimer les RASED....Victime du peu de lisibilité des maitres spécialisés, ils ont dû se battre pour faire reconnaitre leurs missions aidés de leurs fédérations respectives : FNAME (maitres E = « il met en place une pédagogie de détours pour permettre à l’élève en grande difficulté scolaire d’apprendre autrement à lire, à écrire et à compter en petits groupes) et FNAREN (maitre G = »apprendre à un enfant à devenir élève").
Le ministère cherche à médicaliser l’ensemble de la difficulté scolaire, niant ainsi qu’une grande partie de ces difficultés ne relèvent pas du champ du handicap. Celles-ci sont pour beaucoup la conséquence de conditions sociales et concernent massivement les enfants des milieux populaires alors que l’Ecole reproduit ou aggrave les inégalités sociales.
De plus, la médicalisation entraîne une individualisation du traitement de la difficulté scolaire et son externalisation hors de l’école. Les élèves en grande difficulté scolaire, au lieu d’avoir des enseignements adaptés à leur situation, sont ainsi renvoyés à des traitements médicaux ou paramédicaux ou conduits vers des structures externes au service public d’Education.
En affirmant vouloir « former des spécialistes entraînant une mutation de l’école vers l’inclusion », l’idée du CAPPEI, à travers le diplôme unique et la référence unique à l’école inclusive, est de former des expert-e-s référent-e-s polyvalent-e-s du handicap. Ainsi, la formation instaure une formation unique où les enseignant-e-s auront à la fois une formation à dominante pédagogique et une formation à dominante relationnelle.
Dans ce cadre, le RASED n’est plus efficient pour le ministère et la nouvelle formation ne pourra plus former de maîtres-se-s G rééducateurs/trices.
A cela s’ajoute la volonté, une nouvelle fois, de limiter la dépense publique en grignotant le volume global horaire de la formation. En 13 ans, pour le 1er degré, celle-ci est passée de 750 heures pour le CAPSAIS, à 400 h pour le CAPASH et à 300 h pour le futur CAPPEI. Depuis 2004, la formation aura perdu 450 heures !
Avec les organisations syndcales SUD Education et la CGT, le SUNDEP Solidaires estime que le traitement de la difficulté scolaire et la prise en charge du handicap exigent des personnels réellement formés sur ces questions.
Nous revendiquons une formation différenciée pour chaque mission. On ne peut pas former un professeur en SEGPA auprès de jeunes adolescents comme un professeur en école auprès de jeunes élèves. Les objectifs ne sot pas les mêmes, les enjeux n’ont plus.
Nous voulons un retour à une vraie formation avec un volume horaire supérieur à celui proposé avec une année théorique sans alternance et une année de pratique accompagnée avec des professeurs expérimentés.
Nous voulons des moyens à la hauteur des besoins et une réelle transformation de l’Ecole qui permette une véritable inclusion en tenant compte des aides à apporter aux élèves et les avis des équipes éducatives.
Le SUNDEP Solidaires a fait entendre sa voix lors du Conseil Supérieur de l’Education en janvier 2017.