La République française n’est pas la fille aînée de l’Eglise catholique

jeudi 12 avril 2018


Macron, le nouveau chanoine de Latran, s’attaque au principe de la laïcité

En déclarant vouloir « réparer le lien abîmé entre l’Eglise et l’Etat » porte une attaque frontale aux principes fondamentaux de la laïcité : la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 pour laquelle « la République… ne reconnaît aucun culte ».
Ce discours par un Président de la République, premier garant de ce principe de séparation, pose un problème, de fait, de neutralité. Ce principe de neutralité qu’il doit respecter au nom de tous les français(e) quels qu’il(le)s soient.
De quoi parle-t-il lorsqu’il parle d’un « lien » alors que la loi le récuse ? Il s’agit , bel et bien, d’une démarche politique sur ce qu’il qualifiait de « laïcité apaisée » et à propos de laquelle il affirme qu’elle « n’a certainement pas pour fonction de nier le spirituel au nom du temporel, ni de déraciner de nos sociétés la part sacrée qui nourrit tant de nos concitoyens ».

Une retour au conservatisme

Loin d’apaiser ces concitoyen(e)s, le Président de la République prend position en se rapprochant de l’électorat catholique qui n’a pas voté pour le candidat. En dehors de cette démarche électoraliste, ce discours pose des questions sur la position de l’Etat face à des questions sociétales « chaudes » condamnées par une majorité de catholiques.
En se rapprochant de cet électorat, il s’oppose à une partie de ses concitoyen(e)s athées ou appartenant à une autre religion. De plus, il donne du crédit aux associations catholiques luttant contre les droits LGBTIQ ou contre l’avortement en reconnaissant un lien entre la République et la religion.
De même, ce rapprochement entre le premier représentant de l’Etat conforte ceux et celles, et en premier lieu les représentants de la droite conservatrice mais aussi de l’extrême-droite, qui défendent l’idée selon laquelle la France a des racines chrétiennes et que celles-ci doivent figurer dans les institutions et, mettant, ainsi, à mal la loi de 1905.
D’autre part, dans un contexte dans lequel va s’ouvrir le débat parlementaire sur la bioéthique, le Président donne une vision dans laquelle Etat et Eglises sont sur le même plan. Ce qui pourrait entraver la neutralité nécessaire à des questions aussi complexes que celle de la fin de vie.

Non, les catholiques sont des citoyens comme les autres

Si l’Etat a des devoirs envers ses concitoyen(e)s, il n’en a aucun envers les catholiques outre celui de leur assurer l’exercice de leur foi. Les citoyen(e)s ont les mêmes droits et les mêmes devoirs qu’ils soient catholiques ou non. Il n’y a pas de groupes ou d‘individus supérieurs aux autres au nom d’une spiritualité ou d’une antériorité historique.

Ce discours n’est pas seulement une provocation. Emmanuel Macron, ici comme dans d’autres domaines, attaque le modèle républicain français.

Vincent MAZZARON