1er degré : l’Ecole de la confiance selon Blanquer...

samedi 19 mai 2018


Vous aviez dit « École de la confiance »…

« L’école de la confiance ça signifie beaucoup de choses ça signifie tout d’abord la confiance du ministre dans les acteurs du système et évidemment particulièrement aux professeurs de France ». Quelques mois plus tard les faits viennent, c’est le moins qu’on puisse dire, quelque peu nuancer la déclaration du ministre de l’Éducation nationale lors de sa conférence de presse de rentrée. Florilège

Mise en œuvre des APC

Alors que le contenu des activités pédagogiques complémentaires est discuté, notamment à travers la réappropriation de ce temps au profit de toute l’école, leur cadre laissait jusqu’alors la main aux équipes pédagogiques sur leur contenu et leur conduite. Un courrier du directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco) adressé aux recteurs et IEN demande dorénavant que « ces heures soient entièrement consacrées à soutenir les apprentissages fondamentaux des élèves, notamment les plus fragiles ». Des heures de soutien donc qui laissent de côté les multiples actions en lien avec les projets d’école mises en place et qui concernaient parfois l’ensemble des élèves. Une heure qui devra dorénavant être « dédiée à la mise en œuvre d’activités relatives à la maîtrise du langage et à la lecture » et dont le ministère va même jusqu’à décider de l’organisation pédagogique puisqu’il s’agira de les conduire « sous forme d’ateliers ou de club lecture ». Nul doute qu’il y a là des pistes intéressantes. Mais qui peut penser que les enseignants ont attendu la lettre de la Dgesco pour « développer chez les élèves le goût de lire et encourager leurs capacités de lecture à voix haute » ? Un signe manifeste de la confiance faite aux enseignants par le ministère…

Animations pédagogiques

Elles seraient donc l’alpha et l’oméga de la formation continue des enseignants ? L’exigence du métier ne peut se satisfaire de 18 heures d’animations pédagogiques ; là aussi la rue de Grenelle fait dans la « confiance ». Exit la possibilité de construction de ses contenus et du choix des équipes et des enseignants car l’année prochaine ce sera français et mathématiques ou mathématiques et français, l’ordre n’ayant pas encore été décidé par le Ministre.

Lire aussi : Animations pédagogiques : mise au pas de la rue de Grenelle
Quatre notes de service un guide CP pour cadrer les pratiques des enseignants

Quatre notes de service parues au B.O., un guide, « Pour enseigner la lecture et l’écriture au CP », publiés le 26 avril sont venues, cerise sur le gâteau, finaliser le tableau d’une bien curieuse « école de la confiance ». Alors que les enseignants des écoles primaires travaillent depuis deux ans pour l’élémentaire, trois ans pour la maternelle, à la mise en œuvre des nouveaux programmes, ces documents viennent donner des directives parfois en contradiction avec ces textes de référence. Elles font surtout appel à des recettes magiques destinées à encenser auprès de l’opinion publique une école d’antan aux effets miraculeux.

Et : le ministre fait la leçon aux enseignants

Le concept « d’école de la confiance » développé par le ministre est longtemps resté impénétrable. Aujourd’hui, on réalise qu’il fallait comprendre « faites ce qu’on vous dit », mais toujours avec les moyens du bord. En lieu et place d’injonctions inefficaces, le ministère serait bien inspiré de s’appuyer sur l’expertise des enseignants et leur donner les moyens de la renforcer.

Gageons que les enseignants sauront, eux, mettre en place auprès des élèves et de leurs familles une autre définition de l’école de la confiance.

source SNUIPP