Les réformes Blanquer du lycée général et du BAC : pourquoi, notre collectif d’enseignant.es du public et du privé ne les approuve pas….

dimanche 12 janvier 2020


A l’heure où vous accompagnez vos/votre enfant.s à ce forum de l’orientation, à l’heure d’émettre trois choix de spécialités ou triplettes pour l’an prochain, notre collectif d’enseignant.e souhaite apporter son point de vue expert concernant les réformes que vont subir votre/vos enfant.s.

Dans l’Enseignement Privé sous contrat avec l’Etat, comme dans l’Enseignement Public, un nombre grandissant de professeur.es pense ces réformes dangereuses pour l’avenir de vos enfants, pour l’avenir de leurs élèves.
Dans l’Enseignement Privé sous contrat avec l’Etat, comme dans l’Enseignement public, les professeur.es déplorent, cette année, en classe de première, leur mise en place hasardeuse et précipité.

Ci-dessous, pêle-mêle quelques réponses aux diverses déclarations de Mr Blanquer, notre ministre s’agissant de l’intérêt de la mise en place de ces réformes. Notre collectif vous propose une lecture réaliste au sujet des principaux points de ces réformes :

  Un lycée qui laisserait davantage le temps de choisir ? FAUX.
L’orientation de vos enfants, au cœur de vos préoccupations et des nôtres et qui serait la cause majeure des échecs post-bac, s’envisage désormais à l’âge de tous les possibles : entre 14-15 et 16 ans. En effet, les choix de spécialités, choix effectués à l’issue de la classe de 2nde seront déterminants pour l’avenir de vos enfants et vont circonscrire leur choix d’étude dans l’Enseignement Supérieur. Ce sont les attendus de l’algorithme de Parcoursup qui induiront les choix de leurs études dans l’Enseignement supérieur. En classe de première, re-belotte : dès novembre, on interroge désormais vos enfants, nos élèves sur le choix de spécialités qu’ils/qu’elles viennent à peine de découvrir ?

  Un lycée qui induirait une liberté de choix ? FAUX.
Si en 1re lecture, vos enfants semblent pouvoir choisir les spécialités qui leur plaisent, en réalité il n’en sera rien. Il est impossible de proposer, dans nos établissements, toutes les combinaisons de spécialités (9 spécialités = 84 combinaisons possibles). Il est également impossible de garantir sereinement, pour tous les élèves, l’obtention de certaines combinaisons, combinaisons ou triplettes plus attractives que d’autres (avec la mise en place de liste d’attente pour les combinaisons sous tensions). Il est aussi tout simplement impossible de proposer dans tous nos établissements un certain nombre de combinaisons puisque toutes les spécialités n’y seront pas enseignées.

  Un lycée qui proposera de bonnes conditions d’apprentissage ? FAUX.
Avec la mise en place du contrôle continu, vos enfants, nos élèves vont passer leur temps à être évalué.es (au total plus de 20 évaluations pour le Bac en 1re et Tle). Stress et pression permanents ne sauraient garantir la sérénité nécessaire pour étudier. C’est du vécu, en ce moment même avec le passage des « E3C » ou Contrôle Continu en classe de 1re dans des conditions hallucinantes d’impréparation, à la fois dans le public et dans le privé.
En 1re, les classes on désormais disparu au profit des groupes de spécialités, nous constatons déjà que beaucoup d’entre eux seront sur-numéraires : plus de 35 élèves par groupe. Des cours de langue, des activités expérimentales en sciences dans de telles conditions paraissent assez difficilement envisageables.
Les programmes enseignés en classe de 1re dès l’an prochain pour vos enfants, qu’il s’agisse de l’enseignement des matières dites générales, sacrifié dans « le tronc commun » ou des enseignements de spécialité sont très ambitieux et en inadéquation avec la maturité intellectuelle de la plupart des élèves dans ces tranches d’âge.

  Un lycée qui garantira un même bac pour toutes et tous ? FAUX.
40% des notes du BAC seront délivrées lors de contrôles continus par des enseignant.es des établissements, sans droit à l’anonymat.
Le BAC change ainsi clairement de dimension : de national il deviendra local, ce qui accélèrera encore plus son processus de dévalorisation qu’aucun.e d’entre nous ne peut souhaiter !

Ces réformes ont été décidées en haut lieu, par d’autres que les enseignant.es, sans concertation digne de son nom.
Au quotidien, de nombreux et nombreuses professeur.es réalisent déjà leurs inadéquations avec leur outil de travail. Ces réformes ne sont également pas adaptées au bon développement des jeunes lycéen.nes.

L’Ecole est l’expression du monde de demain. Son émancipation doit rester la priorité la plus importante de nos préoccupations : ne participez pas à la marchandisation de l’enseignement !

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