« Désobéir est parfois un devoir » de François Le Ménahèze

dimanche 16 août 2020


Présentation du livre « Désobéir est parfois un devoir » - Récit et analyse d’une désobéissance enseignante" qui vient d’être édité et sort officiellement en ce début janvier 2020.
Auteur : François Le Ménahèze Editeur : éditions libertaires

Lire son blog :
https://blogs.mediapart.fr/francois-le-menaheze/blog/050120/desobeir-est-parfois-un-devoir

Ce présent ouvrage parait dans un contexte qui voit un nombre exponentiel de résistances, s’ensuivant le plus souvent d’actes de désobéissance. Selon le contexte médiatique, ils sont plus ou moins connus et nous touchent de plus ou moins près. Il est question de réchauffement climatique, de souffrance au travail, ou tout simplement de désespoir humain. Ce phénomène touche aujourd’hui tous les milieux. Les services publics n’y échappent pas, l’Éducation nationale non plus avec la mise en lumière récente du suicide d’une directrice d’école.

A travers cet essai, j’ai décidé de prendre la problématique à revers en abordant de prime abord la question de l’obéissance. J’y analyse les instruments de soumission des individus face au pouvoir, les grands principes qui font que chacun, aujourd’hui dans nos sociétés, se retrouve dans l’obligation d’obéir. A travers les principales références de la désobéissance civile et civique, j’ai tenté de faire émerger ce que j’ai nommé les « piliers de l’obéissance ». J’en ai identifié particulièrement quatre à travers lesquels l’obéissance fait régner sa domination sur les individus :le système hiérarchique, le poids de l’évaluation, la montée de l’individualisme et la perte des valeurs.

Ces quatre axes, je les ai identifiés à travers ma propre désobéissance au sein de l’Éducation nationale. En tant qu’enseignant et formateur, je me suis en effet engagé dans le refus à des réformes prônées par mon institution et ai rejoint le réseau des enseignants en désobéissance. C’est ainsi que nous nous sommes opposés de manière ouverte aux mesures en question (évaluation, fichage, etc). Forts de nos valeurs, de notre éthique, nous nous sommes ainsi trouvés confrontés au combat de la légitimité face à la légalité. Nous avons opposé notre responsabilité professionnelle, notre loyauté aux missions de service public, la cohérence entre pratiques et valeurs face à l’obéissance hiérarchique, à la soumission aux injonctions. Dans la partie centrale de cet ouvrage, j’y précise notre désobéissance collective mais j’y décris également plus précisément ma désobéissance dans le cadre de mes fonctions de l’époque, en tant qu’enseignant et formateur, mais assi comme militant pédagogique et chargé de vacations à l’université.

Face aux piliers de l’obéissance, je propose des perspectives, des alternatives pour l’avenir à travers dece que j’aurais pu mener des « piliers de la désobéissance ». Il s’agit alors d’engager chacun à exercer sa pensée au sein d’une société organisée sur des valeurs de respect, de responsabilisation, de coopération et d’émancipation.

Cet ouvrage doit permettre de libérer la parole et d’amener à s’impliquer dans une intelligence collective.

4e de couverture de Philippe Meirieu

« Dans le tourbillon de mesures technocratiques et démagogiques qui fait fonction aujourd’hui de « politique scolaire », il fallait la lucidité et le courage de François Le Ménahèze pour nous rappeler à notre devoir de résistance. Résistance à la dictature du contrôle de conformité qui se fait passer pour de l’évaluation. Résistance aux injonctions de circonstance qui oublient les textes fondateurs de notre Ecole. Résistance à la pédagogie paresseuse de la sélection qui s’exonère du principe d’éducabilité de chacune et de chacun. Résistance à l’individualisme et à la concurrence sous toutes ses formes qui foulent aux pieds les promesses fondatrices de notre République.

François Le Ménahèze rappelle ici que ce qui fait de l’enseignant un homme debout, un véritable « instituteur » qui « institue l’humanité dans l’homme », exige de lui une éthique exigeante, qui refuse de coopérer avec tout ce qui dégrade l’entreprise éducative.

Son livre de « désobéisseur » est un véritable livre d’obéissance : à l’essentiel. »