Bernard Stiegler a toujours combattu les dérèglements du monde. En 2005, il avait créé Ars industrialis, une association qui visait à démocratiser les savoirs sur les nouvelles technologies et à tracer les pistes d’une économie contributive (travail collaboratif, logiciels libres).
Son constat, en entame de cet entretien, était sans appel :
Le système consumériste du capitalisme contemporain va s’écrouler… Il détruit le désir, la motivation, la foi dans l’avenir et la confiance. Il est toxique au niveau environnemental, toxique au plan mental pour les jeunes générations. Il est toxique sur le plan économique qui ne marche qu’à la productivité et à la dissimulation d’insolvabilité. Regardez la crise des “subprimes” et cette façon de mettre la poussière sous le tapis…
Bernard Stiegler. Des mots de minuit, 17 octobre 2012.
Voir l’émission : https://desmotsdeminuit.francetvinfo.fr/miscellanees/la-memoire-dmdm/bernard-stiegler-1952-2020-le-capitalisme-contemporain-detruit-le-desir-la-foi-dans-lavenir-et-la-confiance/
De l’homme , on retiendra ici que jeune, il passa à l’acte et fit cinq ans de prison (1978-1983) pour braquage de banques.
Il y rencontra la philosophie et finira sa thèse au mitan des années 90 avec Jacques Derrida. Qu’il dirigea l’Ircam (Institut de recherche et de coordination acoustique-musique), l’Ina (Institut national de l’audiovisuel), fonda l’Iri (Institut de recherche et d’innovation).
Que plus récemment il signait, dernière illustration de ses engagements et de sa sensibilité :
Qu’appelle-t’on penser ? La leçon de Greta Thunberg (Ed. Les liens qui libèrent)
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Lors de la mobilisation contre la réforme des retraites en janvier, il avait cosigné avec un collectif de personnalités une tribune dans laquelle il s’inquiétait que la Ve République évolue vers un régime de moins en moins démocratique. « Ce nouveau régime nous semble plus qu’inquiétant. Il a le goût lacrymogène du poivre et du sang. Il a les accents goguenards de discours prononcés par des gouvernants isolés comme jamais par le pouvoir. Il a l’éclat scandaleux d’inégalités sociales de plus en plus criantes », écrivaient alors les intellectuels signataires de cette tribune.
Il devait participer à la fin d’août, à Arles, à un nouveau festival sur la relation de l’homme à la nature, Agir pour le vivant. Sa fille, Barbara Stiegler, est une philosophe reconnue, enseignant la philosophie politique à l’université Bordeaux-Montaigne.