Concours : le gouvernement recule pour 2010 mais ...

jeudi 14 mai 2009


Parce que les solutions qu’il défendait jusque là étaient ingérables, Darcos recule encore pour la seule session 2010 : pourront se présenter aux concours externes
 les candidats présents aux épreuves d’admissibilité des concours externes 2009, selon les mêmes conditions de titre (licence au minimum),
 les candidats qui n’ont pu se présenter aux concours externes 2009, faute de places offertes, car la section ou l’option qui les intéressaient n’étaient pas ouvertes sur la session 2009 (ex : langues rares…),
 les candidats titulaires d’un master 1
 les candidats inscrits en master 1.

Pour l’année transitoire 2009-2010, l’inscription en IUFM vaudra également inscription en M1.
« Des stages d’observation, de pratique accompagnée ou en responsabilité rémunérés … pourront être proposés aux étudiants en M1 » : vu la difficulté des actuels concours, il vaut mieux pour le candidat bosser son seul concours !

Les lauréats des concours seront nommés stagiaires dès la rentrée de septembre 2010. Les candidats inscrits en master 1, devront cependant justifier de l’obtention de leur M1 pour valider leur admission au concours.

MAIS :
 le ministère continue à vouloir affecter ces stagiaires à des classes, ce qui lui économiserait beaucoup de postes
 dès 2011 les nouveaux concours seraient mis en place selon les projets prévus au départ, très désavantageux.

En effet, tous les objectifs de la « réforme » sont maintenus :
 suppression à terme des IUFM ;
 formation dans les universités sur une base beaucoup plus théorique puisque les temps d’apprentissage dans les classes seraient bien moindres ;
 rallongement du temps de formation financé par les seuls étudiants, qui en plus perdraient un an de salaire (les diverses bourses envisagées sont bien loin de compenser) ;
 concours « allégés », dans lesquels les contenus disciplinaires seraient minoritaires (40%) et ne permettraient plus certaines évaluations (l’oral pour les profs de langue ...)
 les reçus (au master) - collés (aux concours) pourraient effectuer 108 heures de stage, en fait des remplacements, rémunérés 3.000 euros par an ! « Gain » attendu : 6.700 postes ! On voit bien la logique de la mesure : précarisation.

Le combat n’est donc pas fini, nous visons toujours le retrait du projet et l’ouverture de vraies négociations pour les concours à partir de 2011.

Puisque le seul projet des « nouveaux concours » n’est pas retiré mais seulement « reculé » à 2011, ci-dessous les grandes lignes de la double réforme (concours et formation) jusqu’à la « lettre aux syndicats » du 20 mars et au communiqué ministériel du 31 mars.

 Suppression des IUFM

La lettre aux syndicats confirme que les IUFM, ou toute structure spécifique de formation des enseignants, disparaissent définitivement - après leur maintien provisoire en 2009-2010 - puisque « les universités seront invitées à coordonner et structurer de façon cohérente l’action de ces formateurs ».

 Stages en cours de formation des étudiants visant l’enseignement

1re année de Master : stages d’observation dans le cadre d’une convention avec le ministère de l’Éducation nationale. Les étudiants en M1, auraient aussi 108 h annuelles de stages d’observation et de pratique accompagnée ( jusque là pas de règle ! ).

2nde année de Master : les candidats aux concours auront deux types de stage dans tous les types d’établissement scolaire :
 des stages d’observation et de pratique accompagnée non rémunérés, « filés » (3 heures par semaine pendant tout le semestre) ou « groupés » (2 à 3 semaines au cours du semestre).
 des stages en responsabilité proposés aux candidats admissibles ou non. D’une durée maximale de 108 heures, ces stages donneront lieu à une gratification. Un étudiant effectuant un stage d’une centaine d’heures serait « indemnisé » à hauteur de 3.000 euros environ (dans la limite de 50 000 étudiants !).
 « Chaque jeune enseignant stagiaire sera accompagné par un tuteur » … Recul en premier degré : « cette fonction s’appuierait sur les professeurs des écoles maîtres formateurs (PEMF) ».
 des « retours réguliers en formation universitaire, à visée disciplinaire ou professionnelle » (point 4) : pour un certifié stagiaire par exemple, cela signifie échanger les 10 à 12 heures de formation professionnelle en 5e année actuels contre 6 heures au maximum de « tutorat » et quelques retours à l’université en 6e année.
 Les « étudiants qui voudraient poursuivre leur recherche » pourront « garder pendant un an le bénéfice du concours et le retrouver l’année d’après ».

La formation professionnelle en alternance, ou du moins ce qu’il en restera, interviendra seulement la 6e année (soit une année de plus qu’actuellement), pendant au mieux « une partie des obligations de service, de l’ordre d’un tiers ».

Sur le plan social, cela se traduira par le recul d’une année pour les cotisations de retraite.
Pour devenir enseignant titulaire, il faudra 6 ans au lieu de 5 actuellement.

 Quels concours ?

« Les concours seront maintenus dans leur état actuel pour la session 2010 afin de permettre l’adaptation progressive de l’appareil universitaire de formation » : recul mais sans remise en question de la logique de la réforme.

Pour la session 2010, pourront passer le concours :
 les étudiants titulaires d’un master ou ceux inscrits en master 2 à la rentrée universitaire 2009 (sous réserve de la validation de leur master),
 « à titre exceptionnel et dérogatoire », les candidats déjà admissibles à la session 2009 et les inscrits en master 1 à la rentrée 2009.
Pour ces derniers : en cas de réussite, le « bénéfice » du concours ne leur sera garanti que pendant un an, leur admission ne sera validé que l’année suivante en 2011, et s’ils obtiennent le master 2.

Le ministère a précisé que les concours 2010 se dérouleraient en février comme actuellement (pour l’admissibilité). En revanche, pour les nouveaux concours à partir de 2011, les épreuves d’admissibilité pourraient se dérouler « le plus tôt possible dans l’année » scolaire, pour que les candidats « soient débarrassés des épreuves pratiques » (soit dès octobre 2010 ?). Les épreuves d’admission resteront quant à elles, en avril-mai.

Aucun changement pour 2011 pour ce qui concerne la définition des épreuves et leur équilibre, les deux très problématiques car ils conduisent à une déqualification des enseignants.

 Devenir des concours internes

Des bruits circulent pour dire qu’ils seraient supprimés. Il n’en est rien, et un groupe de travail examine actuellement ses modalités nouvelles. L’enjeu porte sur le niveau de diplôme nécessaire pour le passer :
 soit exigence d’un master aussi en interne,
 soit niveau d’exigence plus bas, accessible aux actuels non titulaires.

Le SUNDEP revendique bien sûr la 2e solution, en situant cette exigence au niveau licence, ce qui permettrait aux nombreux précaires du privé (suppléants et délégués académiques) de pouvoir postuler, avec éventuellement un dispositif de VAE (validation de l’expérience) pour tenir compte de leur - longue - pratique professionnelle.

 Dispositif de bourses complémentaires pour les étudiants qui visent les métiers de l’enseignement

 12.000 bourses sur critères académiques, calculées en fonction du revenu fiscal de référence des familles (jusqu’à 60.000 euros annuels), seront attribuées pour l’année de master 2 aux meilleurs étudiants de master 1. Le montant de ces bourses serait de 1.225 à 2.500 euros par an.

 les étudiants ayant droit d’une bourse à caractères sociaux de montant échelon 0 (exonération des droits d’inscription et de sécurité sociale) pourront solliciter une bourse complémentaire de 1.449 euros annuels.

  Ces bourses sont bien loin de remplacer la rémunération que touchaient les stagiaires IUFM en 2e année, environ 1.310 euros net mensuels (rappelons que la mesure permet d’économiser 24.000 postes par an !).

 5.000 postes d’assistants d’éducation seraient réservés aux étudiants de M2 inscrits aux concours de recrutement et 4 000 postes seront réservés aux étudiants souhaitant se destiner au métier d’enseignant inscrits en master 1.
Mais dans le même temps le gouvernement arrête les recrutements de conseillers d’éducation, et précarise l’ensemble des personnels qui sont chargés d’encadrer les élèves...

 L’enseignement catholique profite de la réforme pour imposer un système fermé de formation

C’est une des retombées très négatives de cette réforme : l’enseignement catholique a obtenu du gouvernement la possibilité de créer des masters dans ses centres de formation, en coopération avec les rares facs catholiques présentes en France.

Cela risque de se traduire :
 par une sélection « catholique » des candidats, qui certes existait déjà (et que nous combattons car elle est illégale), mais qui là pourrait aller jusqu’à des approches catholiques des matières, SVT, histoire, philosophie ... On voit bien où cela peut conduire à une époque où une partie de l’église catholique dérive vers des pratiques excluantes.

 il est à craindre que la professionnalisation des maîtres du privé, qui a beaucoup progressé avec les concours et la formation en IUFM, régresse dans les années à venir et retourne à l’application de vieilles recettes. Car les compétences en sciences de l’éducation et en neuro-sciences des facs cathos (de toute façon lointaines des centres de formation) ne sont pas avérées, celles-ci étant plutôt spécialisées dans des contenus théologiques.

 un accord France - Vatican permettrait aux facs catholiques d’attribuer elles-même les masters sans aucune intervention de l’Etat. Nous contestons par ailleurs ce décret (voir notre communiqué.

L’enseignement catholique se targue ainsi d’être le premier à mettre en place des masters (voir la liste de 7 masters « spécifiques » pour la rentrée 2009.

« Spécifiques » car pluridisciplinaires autour des « métiers de l’éducation et de la formation ». Cette définition n’est pas la seule possible : une autre méthode de construction de ces masters est de les aménager autour des disciplines, donc plus soutenus sur le plan des contenus, comme pouvaient l’être les préparations actuelles aux CAPES, CAPET, PEPS, PLP ...

Le risque est alors d’enfermer les futurs titulaires de ces masters dans la seule perspective des concours d’enseignement ... qu’ils ne réussiront pas forcément.
Et donc de fermer la porte à d’autres orientations.

Ces masters sont proposés par les universités catholiques, en partenariat avec les centres de formation de l’enseignement catholique (CFP et autres organismes du 2nd degré).

Commentaires

  • je n’ai pas bien compris le principe
    il faut absolument être admis à l’oral pour pouvoir bénéficier de la mesure ?
    si nous sommes reçus au concours 2009 nous devons faire un master 2 ou nous sommes inspectés comme auparavant pendant la deuxième année ?

    • Les mesures pour 2010 ne sont pas généreuses : elles cherchent simplement à éviter les recours.

      1° En 2010 tous les candidats aux concours devront justifier d’un master 2 sauf ceux qui s’étaient présentés aux épreuves d’admissibilité en 2009.

      2° Pour l’inscription en master 2 en septembre 2009 : les admissibles aux concours 2009 n’auront pas à justifier de la détention d’un master 1.
      Pour le reste, je ne vois pas le « cadeau » pour « les candidats présents aux épreuves en 2009, titulaires d’un M1, mais non admissibles, qui pourront s’inscrire en M2 en septembre 2009 » !
      Sauf que semble ouverte une « validation partielle d’un M1 pour les candidats présents aux épreuves d’admissibilité au cas par cas par les commissions d’équivalence des universités » (fonction des notes obtenues au concours ?).

  • Possédant acutellement une maitrise d’histoire, 9 ans de maitre auxiliaire (je ne profite pas de la mesure des 6 ans car après 5 ans j’ai eu une coupure en CFA, grrrrrrrrr) et admissible 3 fois au CAER, je voulais savoir si à votre avis il faudra que je passe un M2 ? Mais comment se renseigner là dessus ? Et puis je suis en poste, que va-t-il se passer dans les 2 prochaines années ? En ce moment, alors que nous tentons de bosser sur les concours, de nombreuses questions nous traversent l’esprit.
    C’est bien difficile, savez-vous !!
    En tous les cas, je vous remercie pour tout ce que vous faites.

    • Vous semblez vous représenter en 2009, donc vous serez au moins présent aux épreuves d’admissibilité, ce qui vous donnera le droit de vous représenter en 2010 sans justifier du master.

      Pour les années suivantes :
       si vous étiez à nouveau admissible en 2009, vous pourrez vous inscrire en master 2 en septembre 2009 sans avoir à justifier d’un master 1.
       Mais je pense aussi que, dans votre cas (maîtrise, 3 fois admissible) vous pouvez obtenir cette équivalence par accord de la commission d’équivalence.

      Bien sûr nous vous souhaitons l’admission qui résolverait tout !

      Questions postes, il est bien difficile de prévoir ce qui va se passer :
       le gouvernement peut continuer à dérouler sa politique mortifère : il le fait en ce moment malgré les discours apaisants par exemple en LP, sur l’enseignement spécialisé (là où ça se voit moins)
       le discrédit de sa politique (que montrent de façon spectaculaire les manifs du 29 janvier) peut aussi l’amener à freiner la démolition ...

  • Enseignant en production culinaire depuis septembre 2005, titulaire d’un BTS. Que doit je faire pour espérer accéder au CAER PLP si il ouvre en 2010.

    • 2 cas de figure :
       si vous avez été présents aux épreuves d’admissibilité du concours 2009, vous pourrez vous présenter en 2010.
       sinon ... on est dans le brouillard car vous devrez avoir l’équivalence d’un master 2, ce qui dans votre spécialité ne doit pas exister !
      Question aussi par la prise en compte de l’expérience professionnelle : que sera-t-elle à ce nouveau niveau ?

      Réforme tout à fait inutile et bien mal préparée. Son objectf est avant tout budgétaire (économie de 24 000 postes).
      Elle est aussi très contestée et pourrait passer à la trappe ... A suivre !

  • Bonjour,
    Y aura t il des CAER en 2011 pour les DA ? merci pour votre réponse

    • Le ministère change les règles presque tous les jours pour les concours 2010, alors pour 2011 ... !

      La question des concours internes se pose depuis le début du projet de réforme, mais le ministère n’a jamais rien dit sur le sujet.