L’Union européenne moteur de l’investissement dans la jeunesse ?

mercredi 20 mai 2009


Bonne idée alors que le gouvernement français sabre dans tous les budgets en sa direction (éducation, enseignement supérieur et recherche ...) et ne cesse d’accumuler des mesures de défiance (lois sécuritaires sur les « bandes », Hadopi...).

Le fait que Sarkozy ait principalement été élu par une large majorité des plus de 65 ans alors que les plus jeunes ont voté majoritairement contre lui doit jouer...

Cependant, on peut déplorer des mesures européennes principalement tournées vers l’intégration économique, l’« employabilité » issue de la « stratégie (ou du processus) de Lisbonne » rédigée en 2000.

Ce programme européen a alors théorisé la conversion de tous les systèmes éducatifs selon des principes libéraux : autonomie des établissements, pilotage par des évaluations...

Ces logiques sont celles déclinées en France depuis 2002 au gré des « réformes »...

Ces orientations découlaient de celles initiées aux États-Unis et en Grande-Bretagne qui toutes deux ont abouti à un échec global :
 pas d’amélioration significative des « performances éducatives »,
 beaucoup de dérives : évaluations truquées, ghettoïsation renforcée...

Alors, après l’échec des politiques économiques libérales, pourquoi continuer au niveau de l’école ?

Pour autant, les structures européennes peuvent apporter des moyens supplémentaires alors que nous vivons dans un système scolaire pauvre, une ouverture sur d’autres cultures... et une opportunité de contourner les orientations de plus en plus idéologiques dans la formation des maîtres du privé par exemple (alors même que les budgets de cette formation sont intégralement financés par l’État !).

N’ignorons donc pas les initiatives européennes...

Ambitions éducatives : de nouvelles orientations de l’Union ?

Depuis cinquante ans le système scolaire français s’est développé en se fixant des objectifs chiffrés, qui ont fini par avoir des effets à long terme, que l’on évoque l’allongement de la scolarité obligatoire (en 1959, il est décidé qu’elle passe progressivement de 14 à 16 ans) ou le fameux slogan « 80% au niveau du baccalauréat ».

En cette période d’élections, prenons conscience que les objectifs chiffrés sont désormais fixés en grande partie par l’Union Européenne. Certes, il s’agit d’indicateurs incitatifs et le Conseil des Ministres de l’Education du 12 mai vient de prendre des décisions dans ce domaine qui sont loin d’être anodines.

Les cinq critères de référence adoptés dans le cadre du programme de travail « Éducation et formation 2010 » doivent être modifiés pour le programme de travail « 2020 ».

Un indicateur « Diplômés du supérieur en maths, sciences et technologie », déjà dépassé en 2007, disparaît.
Bonne nouvelle, confortée par le maintien d’un indicateur qui reconnaît une spécificité française : d’ici 2020, au moins 95 % des enfants ayant entre quatre ans et l’âge de la scolarité obligatoire devraient participer à l’enseignement préscolaire.

La France a déjà atteint cet objectif, espérons qu’elle y sera toujours en 2020. Quant à savoir si les jardins d’éveil font partie de cette catégorie…

La participation des adultes à l’éducation et à la formation tout au long de la vie doit passer de 12,5% à 15%, sans que les redoutables problèmes de mesures soient résolus. Le principe d’un indicateur pour les adultes faiblement qualifiés n’est pas retenu. L’indicateur de maîtrise insuffisante des compétences de base pour les jeunes à l’âge de 15 ans passe d’un objectif de 15,5% à 15% d’une classe d’âge, mais aux indicateurs PISA sur la lecture s’ajoutent les mathématiques et les sciences, sans que les mesures soient agrégées.

La France est très en retard dans ce domaine, notamment par rapport aux pays scandinaves (le Danemark a, lui, un taux de 20% de ses adultes en formation).
Ce retard favorise la référence excessive au diplôme initial qui conditionne trop l’entrée dans l’emploi, et surtout qui servira de référence pendant quasiment toute la carrière.
Cela induit aussi qu’une "carrière est censée déclinante dès 40 à 45 ans en France puisqu’aucune formation ne renforce la qualification professionnelle obsolète du salarié.

La mesure du « early school leaving » porte sur la mesure du décrochage entre 18 et 24 ans (18 ans, fin de scolarité obligatoire dans de nombreux pays). L’objectif chiffré est toujours fixé à 10%. Le résultat était de 14,8% en 2007.

L’indicateur sur l’enseignement supérieur connaît les mutations les plus considérables : d’ici 2020, la proportion des personnes âgées de 30 à 34 ans diplômées de l’enseignement supérieur devrait être d’au moins 40 %. On est loin des 50% de diplômés au niveau de la licence !

Sont introduites dans ce calcul des références qui portent aussi bien sur les références universitaires que sur les diplômes professionnels de niveau supérieur (équivalent BTS, DUT, licence professionnelle) parce que les passerelles n’existent pas dans tous les pays entre les deux systèmes.

De même, on doit ainsi pouvoir prendre en compte la formation continue diplômante qui peut s’exercer entre 25 et 35 ans et la réalité du Life-long learning qui se déploie dans toutes les sociétés européennes.
On peut alors s’interroger sur les finalités en France de la réforme en cours du lycée. Quels sont les modèles, les parcours de formation auxquels préparer les lycéens ?

Le Conseil des Ministres demande aussi à la commission de travailler sur trois domaines pour lesquels il n’existe pas encore d’indicateurs communs.
Tout d’abord la mobilité des apprenants qui se réduit à la mobilité internationale. Pourtant, de nombreux jeunes, de nombreuses familles se trouvent enfermées dans des territoires limités, qu’ils soient urbains ou ruraux, qu’il existe ou non une offre de transports en commun…
En second lieu, l’apprentissage des langues dès le plus jeune âge, domaine largement exploré par les politiques communautaires.
Enfin, il convient de réfléchir à l’employabilité, domaine pour lequel les outils sont peu nombreux : « […] la Commission est invitée à présenter au Conseil d’ici la fin de 2010 une proposition relative à un éventuel critère de référence européen dans ce domaine. »

Cette proposition soulève de nombreuses questions sur les finalités des systèmes d’éducation et de formation notamment à une période où les branches professionnelles n’ont aucune visibilité sur l’emploi à moyen ou à long terme.

D’après article d’Olivier Masson, chargé de mission Education de la Ligue de l’enseignement

Le programme de travail « Éducation et formation 2010 » s’articule autour de cinq actions :
 Action 1 – Jeunesse pour l’Europe
Elle encourage la citoyenneté active, la participation et la créativité des jeunes au moyen d’échanges de jeunes, d’initiatives de jeunes et de projets jeunesse pour la démocratie.

 Action 2 – Service volontaire européen
Elle aide les jeunes à développer leur sens de la solidarité par la participation, individuelle ou collective, à des activités non payées et sans but lucratif de volontariat à l’étranger.

 Action 3 – Jeunesse dans le monde
Elle soutient les partenariats et les échanges de jeunes et d’organisations de jeunesse dans le monde.

 Action 4 – Systèmes d’appui à la jeunesse
Elle prévoit plusieurs mesures de soutien en faveur des animateurs et des organisations de jeunesse et vise à améliorer la qualité de leurs activités.

 Action 5 – Soutien à la coopération européenne dans le secteur de la jeunesse
Elle soutient la coopération dans le domaine des politiques de jeunesse au niveau européen, en particulier en facilitant le dialogue entre les jeunes et les décideurs.

Le site de la commission européenne pour l’éducation

Le portail européen pour la jeunesse (éducation)