L’identité nationale une nouvelle fois au secours de la majorité présidentielle

vendredi 30 octobre 2009


Communiqué Solidaires du 28 octobre 2009

Eric Besson, ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire a annoncé l’ouverture à partir du 2 novembre prochain « d’un grand débat sur l’identité nationale ». Cette initiative sera déclinée dans l’ensemble des départements à travers des réunions locales qui associeront selon le ministre « l’ensemble des forces vives de la nation ». Le processus se clôturera avec l’organisation d’un « grand colloque » de synthèse générale avant le 28 février 2010.

Ces débats seront structurés autour de deux axes, celui de l’identité nationale, à travers la question « Pour vous, qu’est ce qu’être Français aujourd’hui ? », et celui de l’apport de l’immigration à l’identité nationale à travers un double questionnement : « Comment mieux faire partager les valeurs de l’identité nationale : Auprès des ressortissants étrangers qui entrent et séjournent sur le territoire national ? Auprès de ceux qui accèdent ensuite à notre communauté nationale ? ».

Même si les modalités de ces débats restent à préciser, les différents éléments mis en avant dans le communiqué du ministère de l’immigration sont sans équivoques quant à la nature réelle de cette initiative. Le gouvernement y égrène certaines des propositions qu’il entend pousser en cette occasion, notamment : la place des symboles et emblèmes nationaux ; l’obligation pour l’ensemble des jeunes français de chanter au moins une fois par an l’hymne national ; la mise en place de cours d’instruction civique dans les préfectures ; le développement du dispositif de contrat d’intégration républicaine pour les étrangers entrant ou séjournant sur le territoire ; la mise en place d’un contrat avec la Nation lors de l’accession à la nationalité française ; etc.

Ces diverses propositions ainsi que le calendrier choisi (conclusion du processus quelques semaines seulement avant les élections régionales de 2010) trahissent la véritable finalité de cette initiative, à savoir : remettre sur le devant de la scène, à un moment où l’électorat traditionnel de la droite est pour partie déboussolé, les questions qui avaient permis à N. Sarkozy d’empiéter sur les platebandes du Front national lors des présidentielles de 2007. Pour atteindre ce but, le gouvernement n’hésite pas à mettre les forces de l’Etat au service de la seule stratégie électorale de l’UMP.

De la même façon, alors que les licenciements continuent, que le chômage explose et que le pouvoir d’achat diminue, le gouvernement espère tirer profit de cette initiative en focalisant l’espace médiatique sur les seules questions d’identité nationale et d’immigration. Il s’agit de détourner l’attention des conséquences dramatiques engendrées par une politique gouvernementale de remise en cause systématique de tous les acquis sociaux au seul service du patronat et des nantis.

Pour atteindre ses objectifs, le gouvernement n’hésite à lier une énième fois les questions d’identité nationale et d’immigration. Alors que l’identité nationale se construit au quotidien et ne saurait être cadrée par le seul pouvoir politique, cet amalgame renvoie aux heures les plus sombres de notre histoire et reflète une conception de notre société aux antipodes des valeurs qui fondent notre République. Démarche racoleuse qui s’inscrit de plain-pied dans une politique gouvernementale qui multiplie au quotidien les indignités en matière d’immigration et de droit d’asile.

Alors que le hiatus est constant entre les valeurs universelles de la République mises en avant par le gouvernement et la réalité de sa politique, l’Union syndicale Solidaires dénonce cette nouvelle initiative aussi populiste qu’irresponsable. Celle-ci ne peut que fragiliser davantage des populations entières (en situation régulière ou non) et favoriser la montée de la xénophobie, du racisme, de l’exclusion et, par réaction, les communautarismes au sein de notre pays.

L’Union syndicale Solidaires réaffirme que l’urgence aujourd’hui n’est pas à la mise en oeuvre de politiques basées sur les divisions et le rejet de l’autre, mais bien au contraire à des politiques de lutte contre les discriminations, pour l’égalité des droits et contre l’insécurité sociale généralisée.