Quel avenir pour les 2 ans : maternelle, crèche, jardin d’éveil ?

jeudi 8 avril 2010


L’effectif en premier degré augmente globalement de 3 500 élèves. Mais cela cache une très forte baisse (encore plus accentuée dans le public) de la scolarisation à moins de 3 ans, résultat des consignes gouvernementales.
Le taux de scolarisation des enfants de 2 ans était de 21% en 2007. En 2009 il n’est plus que de 15%.

Dans le même temps, l’enseignement privé se plaint de problèmes de financement pour les « jardins d’éveil » qu’il a mis en place, et qui sont bien loin de remplacer quantitativement les maternelles à 2 ans supprimées.

Le collectif « pas de bébés à la consigne » mène des actions pour contester :
 la perte de 68 000 places depuis 2000 pour cette tranche d’âge en école maternelle du fait des suppressions massives de postes d’enseignants, qui pourrait augurer d’une attaque plus globale contre l’école maternelle, malgré les propos du ministre de l’Education nationale ;

 le projet de diminuer la proportion des professionnels les plus qualifiés (éducateurs de jeunes enfants, puéricultrices et auxiliaires de puériculture) dans les établissements et services d’accueil des jeunes enfants (crèches, multi-accueils…) ;

 l’extension des capacités maximales d’accueil des assistantes maternelles de trois à quatre enfants et de la création de regroupements d’assistantes maternelles pouvant accueillir jusqu’à 16 enfants sans aucune règle collective de fonctionnement ;

 la création de 8 000 places de jardins d’éveil d’ici 2012 pour les enfants de deux à trois ans, prévoyant un taux d’encadrement d’un adulte pour 8 à 12 enfants au lieu d’un pour 8 enfants du même âge actuellement pratiqué dans les crèches.

Bref, politique antisociale : les moins riches auront du mal à financer un accueil de qualité là où la maternelle publique était gratuite, et les nouveaux dispositifs perdent toute ambition de préparer à l’école, qualité reconnue de la maternelle française.
Et pour tous perte des garanties d’hygiène et d’encadrement existants jusque là.
Avec en sus une vision réactionnaire de la femme (qui devrait s’occuper de ses enfants en bas âge) et de l’éducation.

 Primaire : L’effritement de la scolarisation à deux ans s’accélère

2 ans3 ans4 ans5 ans et plusTotal
2007-2008 Public 133 807 695 171 698 491 704 551 2 232 020
Privé 33 752 92 940 95 102 97 238 319 032
Total 167 559 788 111 793 593 801 789 2 551 052
2008-2009 Public 116 949 699 112 703 463 699 757 2 219 281
Privé 31 957 92 567 94 511 97 036 316 071
Total 148 906 791 679 797 974 796 793 2 535 352
2009-2010 Public 94 240 713 451 706 261 704 864 2 218 816
Privé 29 031 94 133 94 361 96 495 314 020
Total 123 271 807 584 800 622 801 359 2 532 836
2009-2010 par rapport à 2007-2008 Public -29,6% +2,6% +1.1% 0.0% -0.6%
Privé -14% +1.3% -0.8% -0.8% -1.6%
Total -26.4% +2.5% +0.9% -0.1% -0.7%

Source : MEN-DEPP, enquête dans les écoles publiques et privées de l’enseignement préélémentaire et élémentaire

Note d’information

 Les « jardins d’éveil » du privé

Alors que le ministère de l’éducation freine la scolarisation des moins de 3 ans, l’enseignement privé « investit » dans les crèches et jardins d’éveil, suite à la volonté de l’État de limiter la scolarisation des moins de 3 ans (de 2000 à 2008, la part d’enfants entrant en maternelle, public et privé confondus, à l’âge de 2 ans a chuté de 35,3 % à 18,1 %).

A Bordeaux, une « crèche d’application » a ouvert en octobre 2008, rattachée à un lycée professionnel, pour 20 enfants de 3 mois à 4 ans. « En complément des professionnels, des élèves de CAP Petite enfance et de BEP carrières sanitaires et sociales viennent quotidiennement, accompagnées de leur enseignante, s’occuper des bambins et parfaire leurs connaissances pratiques », d’après la directrice.

Ailleurs, des « jardins d’éveil » (une vingtaine dans l’enseignement catholique) sont créés, selon le souhait de Nadine Morano, ministre de la famille. Mais avec des problèmes de financement : certes, la Caisse d’allocations familiales (CAF) finance un tiers du projet, mais les les familles doivent payer le reste.

Une responsable cherche à se financer auprès d’entreprises qui souhaiteraient réserver des places pour les enfants de leurs salariés. Les collectivités locales, sollicitées, dénoncent un désengagement de l’État et ne veulent pas participer à ce type de projets.

Les écoles privées semblent aussi prêtes à mettre des locaux scolaires à la disposition d’assistantes maternelles employées par les parents.

La motivation de ses responsables est d’attirer des familles pour qu’ils aient ensuite l’envie d’inscrire leur enfant dans l’école maternelle privée attenante.

Les moins de 3 ans seront pris en charge, dans ces structures, par des puéricultrices et des éducateurs pour jeunes enfants, et non par des enseignants.