8e rapport du COR, le catastrophisme n’est pas de mise !

mercredi 14 avril 2010


Communiqué de Solidaires

Le Conseil d’orientation des retraites rend public son dernier rapport actualisant les projections
financières de 2007. Le COR confirme que « la plus grande partie de la dégradation aurait lieu en 2009 et 2010 […] A plus long terme, les effets directs de la crise économique sur la situation financière des régimes s’estompent ». Il n’y a donc pas fondamentalement de problème, hors la situation nouvelle créée par la crise. La question qui se pose est donc de savoir qui va payer le prix d’une crise créée de toutes pièces par les marchés financiers. Pour l’Union syndicale Solidaires, ce n’est pas aux salariés et plus globalement à la population de payer une crise dont les institutions financières sont les premières responsables.

Au-delà sur le long terme, le COR montre que la dégradation du niveau des pensions et le durcissement des conditions de départ à la retraite ne sont pas inévitables à condition d’accepter que l’augmentation du nombre de retraités s’accompagne d’une augmentation correspondante des cotisations sociales. Ainsi, quel que soit le scénario envisagé en matière de taux de chômage et de productivité, il est possible de maintenir le taux de remplacement (niveau de la pension sur le salaire) qui est aujourd’hui de 72 %. Si l’on prend le scénario du COR le plus défavorable, il faudrait 3 points de PIB supplémentaires à l’horizon 2050, soit une augmentation de 10,4 points de cotisations lissée sur 40 ans, soit 0,26 point par an. Personne ne peut sérieusement affirmer qu’une telle augmentation mettrait en danger l’économie française.

Une vision catastrophique est d’autant moins fondée qu’un rééquilibrage du partage de la
valeur ajoutée, la richesse créée dans les entreprises, est tout à fait envisageable. Il n’est pas acceptable de considérer comme pérenne la baisse très importante de la part des salaires ayant eu lieu ces dernières années (près de 9 points), alors que, dans le même temps, la productivité du travail a continué de croître fortement (plus de 50 % en 20 ans) et que les dividendes des actionnaires ont explosé. Un tel rééquilibrage de la part des salaires, qu’une augmentation des cotisations patronales peut amorcer, aurait d’ailleurs des effets neutres sur la sacro-sainte compétitivité des entreprises s’il était compensé par une baisse des dividendes versés aux actionnaires.

Une augmentation de la durée de cotisation et un report de l’âge de départ à la retraite ne peuvent donc en aucun cas se justifier. En définitive, la question des retraites renvoie à la place du travail dans la société. Il s’agit donc de savoir si une infime minorité va continuer à s’accaparer la richesse produite. Pour l’Union syndicale Solidaires, il est temps que les salariés, et plus largement, la population impose un nouveau partage du revenu national.

Le 14 avril 2009