Les nouveaux délits de l’Église : l’insulte faite aux femmes

mercredi 4 août 2010


Nous sommes un syndicat laïque, l’affirmons et le revendiquons clairement : toutefois, comment ignorer certaines positions de l’Église catholique, positions de plus en plus réactionnaires prônées par les évêques ?

Dans ce cas, n’y a-t-il un parallélisme avec certaines méthodes de gouvernement constituant à allumer un contre-feu... ici au scandale de pédophilie dans l’Église... en s’attaquant bien sûr aux femmes !

"Soyons francs : il y a une qualité qu’il nous faut bien reconnaître au Vatican. L’habileté à faire flèche de tout bois. Le document qui vient de sortir répond à l’évidence à une mise en cause répétée et accentuée de la conduite de la haute hiérarchie catholique face au scandale des abus pédophiles dans le clergé.

Le point le plus choquant du document est évidemment l’inscription de l’ordination de femmes parmi les délits les plus graves contre la foi. Ce qui est absurde sur le fond (en quoi cela contredit-il la foi, et ce même si l’on est rétif à une telle ordination ?) et odieux dans l’amalgame subrepticement opéré pour diaboliser des réformes radicales dans l’Église. La première faute du texte est de mélanger des choses qui n’ont rien à voir entre elles : pédophilie, actes contre la foi, ordination de femmes. Avec pour corollaire une relativisation de la gravité spécifique des abus sexuels. Et une diabolisation voulue de la dissidence liturgique et doctrinale.

La deuxième faute est sans doute de substituer à la vraie cible qui est la pédophilie une autre cible, l’ordination des femmes. Ce qui trahit le véritable esprit du Vatican. L’ordination des femmes est présentée contre tout bon sens théologique comme un « délit grave contre la foi » (!). Mais, répétons-le en quoi cela va-t-il contre la foi ? Sinon au travers d’un abus d’autorité gravissime. Il s’agit, en effet, comme le dit l’article 5 du document, d’une « atteinte à l’ordre sacré », tant de la part de celui qui ordonne que de celle qui reçoit l’ordination. Les normes rappellent que tout prêtre (on pensait qu’il fallait un évêque mais bon !) qui accomplit une telle ordination, comme toute femme qui s’y prête, encourt une excommunication automatique. Ce qui, entre parenthèses, n’est pas le cas d’un prêtre pédophile ! On croît rêver. Pour le Vatican, l’ordination de femmes semble être pire que tout. Rome veut multiplier les verrous de sécurité. Cela risque au demeurant d’être contre-productif. Mais que peut-on attendre aujourd’hui d’un pontificat aussi désastreux et délirant ?"

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[1Christian Terras pour Golias