Communiqué face aux évaluations en CP

mardi 16 octobre 2018


En cette rentrée 2018, le ministère de l’Éducation Nationale impose aux enseignant-e-s des évaluations nationales de tou-te-s les élèves de CP et de CE1.

Pour le SUNDEP Solidaires, l’école de la confiance du ministre Blanquer est impossible.
Comment avoir confiance en ridiculisant les enseignants face à la généralisation des évaluations en CP, CE1 ?

Ces évaluations ont mal été conçues : des items inadaptés, une passation en temps limité donc des élèves en stress, les aides non autorisées.
Le seul rôle des enseignants est de les cantonner à la correction des livrets (sur leur temps personnel car les 5heures enlevées des 108 heures sont insuffisantes. Les effectifs des classes sont trop importants), à la saisie des résultats, sans possibilité d’analyser les résultats. Les enseignants n’ont pas été conviés non plus à l’élaboration de ces évaluations....

En outre , ces évaluations sont sexistes. SUD Education a relevé plusieurs exemples dans les cahiers d’évaluation :
"Des images devant inspirer tout·es les élèves pour écrire ! Que voyons-nous ? Tout simplement un garçon actif, et une fille passive sur un lit, ou se faisant belle…

Le ministère prétend que le respect de l’égalité entre femmes et hommes doit être au cœur des apprentissages.

Il est inacceptable qu’un ministère qui affirme lutter contre les stéréotypes impose dans le même temps de telles images. SUD éducation condamne fermement ces exercices qui véhiculent des stéréotypes sexistes exhortant les garçons/hommes à travailler dehors et les filles/femmes à rester oisivement à la maison. S’agit-il du nouveau plan d’égalité filles-garçons inspiré par la Manif pour tous ?
SUD éducation exige que le ministère suspende ces évaluations. SUD éducation appelle les enseignant-e-s à ne pas les faire passer aux élèves et à ne faire remonter les résultats.

Enfin, notre ministre est pressé de faire la preuve que sa politique « marche » et de montrer des résultats : un article du journal l’express en date du 15 10 2018 vient conforter les idées du gouvernement : « CE1 : un élève sur deux a du mal en calcul mental les résultats provisoires : (...) »Selon ces résultats provisoires, en début de CE1, 30% des élèves « lisent moins de 30 mots par minute, alors que l’objectif national est de 50 mots ». Et au CP, le bilan n’est pas plus flatteur : « 23% des élèves en début de CP ont des difficultés à reconnaître les lettres et le son qu’elles produisent » et « 8% ont des difficultés à reconnaître les nombres dictés » (...)

Que cherche notre ministre Blanquer ? Eh bien juste à prouver que sa politique est sur le bon chemin , à rendre la scolarité obligatoire dès 3 ans....A quoi cela sert-il puisque 97% des enfants sont déjà scolarisés ?
Cette prise en main autoritaire permettra à l’enseignement privé de remplir ses caisses dès l’école maternelle au détriment des écoles maternelles gratuites du service public. Et ce sont les communes qui vont sortir le carnet de chèque...

cf. Journal Libération du 27 03 2018, Scolarisation obligatoire à 3 ans : le cadeau discret de Macron au privé par Marie Piquemal.
« En effet, la loi Debré de 1959 sur les écoles privées sous contrat prévoit que les municipalités participent dans les mêmes proportions aux frais de scolarité pour les enfants de leurs communes, qu’ils soient dans des écoles publiques ou privées sous contrat. Jusqu’ici, cette obligation ne concernait que les écoles élémentaires, puisque l’instruction n’est obligatoire qu’à partir de 6 ans (entrée au CP). Les écoles maternelles privées - qui accueillent environ 300 000 enfants - entretenaient donc leurs locaux et achetaient leurs fournitures avec leurs propres moyens. Mais à la rentrée 2019, avec l’obligation à 3 ans, les communes vont logiquement devoir sortir le portefeuille… »

cf.Café Pédagogique du 16 10 2018
Evaluations : Roland Goigoux démonte les évaluations Blanquer

« Non, les résultats aux évaluations ne montrent pas que » 23 % des élèves en début de CP ont des difficultés à reconnaître les lettres et le son qu’elles produisent « , nous écrit Roland Goigoux. »Ils montrent seulement que 23 % des élèves échouent à un exercice (n°1, séance 1) très contestable. Cet exercice inventé pour la circonstance ne correspond ni à la tradition scolaire des évaluations, ni aux tests psychologiques standardisés qui se passent tous en tête-à-tête à cet âge-là... Dans ce test, les enfants devaient entourer parmi cinq lettres écrites celle qui correspondait au son qu’ils entendaient au début d’un mot monosyllabique que le maitre leur donnait. Par exemple « feuille » ou « bulle ». Autrement dit, il fallait d’abord qu’ils soient capables de discriminer un phonème (un son élémentaire du langage) en position initiale dans une syllabe de structure CVC (Consonne-voyelle-consonne), ce qui représente une habileté phonologique complexe, généralement hors de portée des enfants à qui on n’a pas encore appris à déchiffrer et qui, par ailleurs, n’est pas au programme de l’école maternelle. Ensuite, les enfants devaient sélectionner l’écriture correspondant au son qu’ils venaient de discriminer. Bref il était normal et prévisible qu’ils échouent. Cela n’est en rien l’indice d’un échec de l’école« . »La solution proposée aux enseignants pour remédier à cet échec a été publiée mercredi dernier sur Eduscol : il s’agit d’apprendre aux élèves à lire ! Les enseignants n’y auraient sans doute pas pensé seuls« , poursuit-il. »Non, 30 mots correctement lus à haute voix en une minute à l’entrée au CE1 n’est pas un seuil alarmant. Le seuil alarmant a été fixé à 11 mots par minute par le ministère lui-même (Eduscol, le 9 octobre). Pour notre part, nous l’avions établi à 14 mots en 2016 (recherche Lire-Ecrire au CP ; ENS Lyon), ce qui correspondait à moins un écart-type dans la distribution des performances de notre échantillon pris dans 130 classes de CP. Non, le ministère n’a jamais fixé à 50 le nombre de mots lus à la minute au début du CE1. C’est une norme inventée pour faire le buzz, jamais écrite nulle part... Depuis quand un pays donne-t-il à son école l’objectif d’atteindre les performances habituelles des 30 % des meilleurs élèves ?"