Réforme de l’évaluation des enseignants

mercredi 8 février 2017


Réforme de l’évaluation des enseignants-es.

La spirale infernale de l’évaluation par compétence .

« Je souhaite passer d’une gestion administrative à une
gestion des ressources humaines. » Najat Vallaud Belkacem, Le 31 mai
2016

Désormais les enseignants s’enfoncent de plus en plus dans la norme européenne, la norme qui permet aux entreprises d’avoir un contrôle de plus en plus resserré sur les futurs comme sur les actuels salariés par le biais de la formation et du développement des évaluations par compétences.

Cette nouvelle grille de compétences en est un exemple. Quid des notes ? Place à l’évaluation du niveau de maitrise : « A consolider », « bon », « très bon »,
« excellent ».

C’est ce nouveau projet de grilles qui servira de base lors des quatre entretiens professionnels prévus au cours de toute carrière d’enseignant avec uniquement l’inspecteur en primaire ou conjointement avec l’inspecteur et le chef d’établissement dans le secondaire.

L’avancement jadis des maîtres dépendait des notes pédagogique (60%) et
administrative (40%). La note administrative annuelle que proposait le chef
d’établissement permettait d’avoir un regard immédiat sur celle-ci. Éventuellement
l’enseignant- te pouvait la contester en cas de désaccord.
La note pédagogique pouvait aussi être contestée mais cette démarche était
plus compliquée il fallait d’aller contre l’avis de l’inspecteur.

Dorénavant les notes chiffrées laissent leur place aux compétences. Ne seront
plus mis en avant la maîtrise des savoirs disciplinaires et leur didactique,
qui seront noyées parmi un fatras de compétences liées à une dimension
sociale ou à une conception large du métier. Comme les différents items des trois grilles :
1- « Organiser et assurer un mode de fonctionnement du groupe favorisant l’apprentissage et la socialisation des élèves »,
2- « Accompagner les élèves dans leur parcours de formation »,
3- « Coopérer au sein d’une équipe »
4- « Contribuer à l’action de la communauté éducative et coopérer avec les partenaires de l’école/l’établissement »
5- « Coopérer avec les parents d’élèves ».

L’appréciation finale sera du ressort de l’autorité académique. Elle découlera des appréciations respec-tives de l’inspecteur/trice et du chef d’établissement. Les enseignant(e)s seront-ils informé(e)s immédiatement des appréciations ou quelques semaines après ?
Devront-ils, sans aucun délai pour la réflexion, sur le coup de l’émotion, juste après leur entretien professionnel mettre immédiatement leurs observations ou auront-ils le temps de réflexion ?
La durée dans le 6e échelon est de 3 ans, celle du 8e 3,5 ans, à quel moment les entretiens carrières se feront ? Au bout d’un an ? Au bout de deux ans voire plus avec effet rétroactif ?
Le nombre d’inspecteurs/trices sera-t-il suffisant pour inspecter les enseignants du 6e et du 8e échelon ?
Combien de temps les collègues devront-ils attendre pour savoir s’ils seront ré-compensés d’une couronne de laurier en gagnant une année dans l’évolution de leur carrière ?

C’est le meilleur moyen de les infantiliser, de les « élever » !
Tout est encore flou ! De gros problèmes en pers-pective.

L’évaluation généralisée tout au long de la vie comme la formation nous dépossède de notre liberté. Il faut se conformer à un système qui admet une pratique de notre métier très surveillée. L’évaluation, simulacre de science, est devenue une valeur morale.

Avec l’évaluation s’imposera la formation. Allons-nous priver des élèves d’enseignement à cause d’enseignants qui ont besoin de consolider un voire plusieurs niveaux de maîtrise ?
Les formations deviendront-elles obligatoires pendant les congés scolaires ? Comment refuser des formations quand elles seront présentées comme étant dans l’intérêt des enseignants sans toutefois démontrer et exiger la qualité de celles-ci !

Avec l’évaluation de l’enseignant par compétence l’enseignant est déstabilisé.
Cette « logique compétences » risque de mettre en place un sentiment d’inconfort, de doute de soi qui va se traduire par plus de souffrance au travail.

Comble de l’ironie : l’enseignant/te va préparer les élèves a être évaluer tout au long de leur vie !

Les revendications du Sundep Solidaires :

1. Une manière unique de progresser dans la carrière. Dans la fonction publique les enseignants/tes étaient les seul-e-s à progresser à l’ancienneté, au choix et au grand choix.
2. L’intégration de la hors-classe et de la classe exceptionnelle dans la fin de carrière.
3. Le statut de fonctionnaire : même travail, même statut. De plus les retraites sont revalorisées pour le public et non pour le privé.
4. Une inspection qui soit un conseil pédagogique formatif.
5. Une diminution du temps-enseignement pour se consacrer à un travail en équipe pédagogique.
6. Le maintien du contrôle par un/une inspecteur/trice de l’enseignement public afin de garantir l’application des programmes nationaux dans l’enseignement privé.