L’ excellence de l’apprentissage », ce sont des milliers de recrutement…payés par nos impôts !

vendredi 8 octobre 2021


Pour le Sundep Solidaires, la réforme de l’apprentissage représente un danger « pour les jeunes et pour la voie professionnelle scolaire ». Nous dénonçons l’acharnement du gouvernement qui veut « renforcer des dispositifs inopérants et inefficaces » et qui dévalorise « la voie professionnelle publique sous statut scolaire » qui constitue pourtant « la seule solution pour sécuriser la formation professionnelle des jeunes, sans discrimination, sans sélection, avec des taux de ruptures nettement moindres qu’en apprentissage ».

De même les entreprises peuvent « embaucher des apprenti.es tout au long de l’année », ce qui « va désorganiser fortement les enseignements et les examens ». Les Campus des Métiers vont « favoriser les allers/retours entre les LP et les CFA ». Les régions pourront « canaliser les flux d’élèves vers les formations qu’elles voudront prioriser ». Les branches rédigeront les référentiels d’activités professionnelles et de compétences alors que « les employeurs souhaitent limiter les savoirs, notamment ceux liés à la culture générale et citoyenne, au profit de compétences qu’ils prétendent transversales, souvent floues, et centrées sur leurs besoins immédiats ». A l’inverse, le MEDEF « salue » une réforme « ambitieuse » qui place « les branches et les entreprises au cœur du système » tandis que « le financement du système est simplifié et clarifié ». L’organisation patronale annonce qu’elle « amplifiera son action de mobilisation en faveur de l’apprentissage dans les mois qui viennent ».

Pour leur part, « les Régions condamnent » le projet du Gouvernement et considèrent que cette « réforme centralisatrice » affaiblit le développement de l’apprentissage : une compétence décentralisée « sera très largement centralisée ». Elles estiment pourtant avoir obtenu l’élaboration d’un schéma régional de l’alternance, une régulation régionale pour assurer la péréquation entre les branches et les territoires, l’unification, « sous la responsabilité des Régions », du versement des aides aux employeurs d’apprentis ; « une vision partagée entre les Régions et les branches de l’offre de formation au travers des contrats d’objectifs »... Mais « un grand nombre de questions ne sont également toujours pas résolues », notamment le risque de fractures entre les zones métropolitaines et « en zone rurale, en zone de montagne, dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville » le risque de fragilisation des CFA interprofessionnels. Elles « dénoncent par ailleurs le recul du gouvernement sur la question du transfert aux Régions de la compétence orientation et information des jeunes » dont elles réclament « la responsabilité pleine et entière ». Toutefois, elles continueront « à promouvoir cette filière d’excellence dans laquelle elles croient ».

On le sait les élèves de collège ne sont pas prêts à affronter le monde du travail. L’Ecole doit encore les doter des compétences du lire, l’écrire et compter ainsi que développer leur culture générale et leur esprit critique pour mieux les armer au monde du travail. On comprend pourquoi les contrats d’apprentissage sont quatre fois plus nombreux entre janvier et avril 2021 qu’en 2019 (jeunes de 16 à 29 ans). Soit 50 000 accords conclus en quatre mois contre respectivement 17000 et 12 000 contrats sur la même période. La raison ? L’aide financière apportée par le gouvernement en cas d’embauche d’un apprenti. Ce dernier peut toucher jusqu’à 8 000€ pour un recrutement. C’est ainsi que l’État fait coup double car du même coup il fait baisser le chômage et cela ne coute rien au patron !

L’excellence de l’apprentissage, ce sont des milliers de recrutement...payés par nos impôts ! Une main d’oeuvre gratuite. Sans contrepartie. Le summum du libéralisme. Les employeurs en rêvaient, Macron l’a fait.

Lire également l’article « Apprentissage, l’excellence en trompe l’œil ? » de Christian Sauce, dans les cahiers pédagogiques du 15 janvier 2021.