Les absences des professeurs : fausse bonne raison pour faire des économies sur leur dos !

mardi 29 octobre 2024


La dernière annonce du gouvernement qui veut durcir les conditions d’indemnisation des arrêts maladie des fonctionnaires, dont l’absentéisme représenterait un cout devenu « insoutenable » pour l’Etat. Les femmes, les seniors et les agents aux métiers pénibles en pâtiront davantage.

Pour le SUNDEP Solidaires, c’est une décision politique CONTRE les enseignant.es. Elle est tout simplement scandaleuse.

Deux mesures que veut adopter le gouvernement :
Mesure N°1 :
Le gouvernement veut instaurer trois jours de carence. C’est à dire trois jours non payés en cas d’arrêt maladie. La Sécurité sociale ne commencera à les indemniser qu’au quatrième jour d’arrêt. Pour rappel, un premier jour de carence pour les 5,7 millions d’agents publics avait été introduit en 2012, supprimé l’année suivante, puis rétabli en 2018.

Mesure N°2 :
L’indemnisation en cas d’absence pour raisons de santé ne sera plus de 100 %, mais de 90 %. Là encore, cette mesure a été retenue par le gouvernement. Il est prévu que pendant les trois premiers mois de leur arrêt de travail, les agents de la fonction publique seront rémunérés à 90%, puis à 50% comme le prévoit la loi.

Ces deux mesures devraient rapporter 900 millions d’euros par an, selon le gouvernement.

Petit rappel de vocabulaire indispensable, l’absentéisme est le « fait d’être absent de manière habituelle ou systématique de son lieu de travail. »

Les enseignants seraient-ils plus absents que la moyenne des salariés ?

L’ancienne et éphémère ministre de l’Education , Amélie Oudéa-Castera avait lancé la polémique sur le taux des absences des enseignant.es en parlant de la scolarisation de ses enfants. Beaucoup de blabla pour s’apercevoir qu’il n’en était rien. Même l’enseignante « accusée » d’absentéisme, à l’époque, avait été outrée de ces mensonges. La ministre avait fait un pseudo rétropédalage mais trop tard, elle avait tord...La ministre répétait ne pas avoir menti mais concédait que la réalité lui « donnait tort » !

Pourtant, il suffisait à l’époque de lire le rapport de la cour des compte datant de 2021 qui avait re-mis de l’ordre jusqu’à contredire, l’ancienne et éphémère ministre de l’Education.

Le rapport explique tout d’abord que la perception des absences des professeurs par les familles et les élèves ne reflète pas la « mesure statistique » du réel taux d’absence.

« Avec plus d’un million d’agents – soit près de la moitié des effectifs de la fonction publique d’État –, dont 900 000 enseignants, le ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports consacre une large part de ses activités à la gestion de ses ressources humaines, et doit, dans ce cadre, gérer les absences des professeurs.

Le rapport souligne que ces absences, loin de constituer un phénomène global, recouvrent en réalité deux catégories bien distinctes : les absences pour motifs personnels (liées notamment à la santé), et celles relevant de l’organisation scolaire elle-même (formation continue, examens, sorties scolaires…). Alors que la crise sanitaire a mis en lumière l’importance de la continuité du face-à-face pédagogique, la Cour des comptes formule six recommandations visant à mieux appréhender le phénomène, à améliorer la prévention en matière de santé, et à limiter et compenser les absences de courte durée.

« Une partie de leurs absences n’est pas répertoriée alors qu’une fraction de leur activité, parce qu’elle s’exerce en dehors de la salle de classe, est injustement assimilée à une absence », peut-on ainsi lire. De plus, « une partie des absences provient du fonctionnement même de l’Éducation nationale », note la Cour des comptes. Un.e enseignant.e qui doit surveiller des élèves en examen, n’est effectivement pas devant ses élèves. Cela fait partie également de ses missions. Un enseignant lorsqu’il part en formation, n’est plus devant ses élèves, il est considéré absent et pourtant cela fait partie de ses missions.

La cour des comptes affirme que 45% des enseignants du secteur public ont été absents pour raison de santé au cours de l’année scolaire 2018-2019. Le nombre des congés maladies par enseignant reste, quant à lui, à un niveau assez faible : en 2017-2018, 2,3 % des enseignants du public se sont absentés entre cinq et dix fois et 0,1 % plus de dix fois.

Quant à la durée de ces absences, elles sont « courtes pour environ un tiers d’entre eux (moins de 30 % arrêtés entre un et trois jours) » et « longues » pour un enseignant sur cinq (22 % pour 30 jours ou plus). Mais 20 à 40 % des besoins de remplacement de courte durée dans le second degré sont dus à la formation continue et à des missions institutionnelles (participation au jury, commissions chargées du choix de sujets d’examen, etc.).

Les femmes seront davantage pénalisées

Enfin, en mars 2023, l’INSEE relève que « les femmes sont davantage pénalisées financièrement par l’application du jour de carence. »
[Mélina Hillion (Insee) explique dans l’article : « Quel est l’effet du « jour de carence » sur les absences pour maladie des personnels de l’Éducation nationale ? » >https://www.insee.fr/fr/statistiques/6964865] que " le jour de carence conduit en moyenne à une réduction des absences. Alors que les comportements d’absence pour maladie ordinaire varient distinctement en fonction des caractéristiques démographiques et professionnelles, le jour de carence pourrait conduire à réduire ces écarts.

Les résultats montrent que les femmes et les personnels travaillant dans le réseau d’éducation prioritaire réduisent effectivement davantage la fréquence de leurs absences lorsque cette mesure est appliquée, par rapport aux hommes et aux autres personnels hors réseau d’éducation prioritaire. Cependant, ces populations continuent de présenter un nombre d’épisodes d’absence pour maladie ordinaire plus élevé que les autres catégories de la population, et sont donc davantage pénalisées financièrement par l’application du jour de carence. Ces comportements d’absence peuvent refléter des disparités d’état de santé ou d’exposition à des risques professionnels qui subsistent en présence du jour de carence".

Cependant, si les professeurs diminuent leur absence pour congé maladie en raison de la perte d’un jour de salaire, nous imaginons que s’il n’est pas possible de faire autrement ils s’arrêteront plus longtemps, les dépenses augmenteront inexorablement.

Quelles économies aurons-nous faites ?

Le SUNDEP Solidaires dénonce un problème de gestion des Ressources Humaines dans l’Education nationale. Il ne s’agit pas d’accuser les professeurs d’être absents pour renflouer les caisses de l’Etat incapable de gérer la France.

Le SUNDEP Solidaires revendique :
 un véritable chantier sur la santé au travail des enseignants, l’amélioration des conditions de travail dans toute la Fonction Publique
 la suppression des jours de carence pour tous les personnels de la Fonction Publique
 le maintien à 100 % de la rémunération des personnels de la Fonction Publique titulaires comme contractuels

Parce que la santé au travail est un droit et ne doit pas être une économie.

Parce que « pas un jour de carence » permettra d’éviter la détérioration des conditions de travail.

Parce que les services publics sont une richesse pour notre pays la France et non un coût.