Non à l’épreuve de rattrapage du bac pro dans ces conditions !

vendredi 19 juin 2009


« Le coefficient attribué conduit à rendre négligeables les enseignements généraux et même les enseignements professionnels théoriques », s’indignent la CGT, FO, le SNCL, Sud-Education, le SNUEP-FSU et le SNEP-FSU.

Dans une lettre ouverte au ministre ils demandent la suppression de la nouvelle épreuve de rattrapage du bac pro. Le SUNDEP-SOLIDAIRES s’associe à la démarche.

Par ailleurs, Sud Education publie un communiqué appelant à la grève et au boycott de cette épreuve.

 Communiqué de Sud Education

En juin et juillet 2009 se dérouleront, pour la première fois, des oraux de rattrapage au baccalauréat professionnel. Si le projet de mettre en place un oral de rattrapage au Bac Pro est louable, celui de la session 2009, décidé dans la précipitation, organisé sans concertation, n’est qu’une mascarade et n’aura aucune valeur pédagogique.

Pis encore, nous considérons, qu’en l’état, ces oraux sont un pas de plus sur le chemin d’un enseignement professionnel livré aux exigences patronales.

Cet oral de rattrapage comptera pour 50% de l’examen !

En effet, pour passer l’oral de rattrapage il faudra remplir deux conditions : obtenir au moins 8 de moyenne générale ET au moins 10 à l’épreuve d’évaluation de pratique professionnelle (EPP). Le ou la candidat/e remplissant ces conditions pourra alors passer un oral de 20 minutes qui s’appuiera sur la description d’une tâche professionnelle « réalisée en entreprise ». L’annexe que devront fournir les candidats pour cet oral, non soumise à notation et transmise le jour même de l’oral aux examinateurs, est constituée d’un simple A4 dans lequel le/la candidat/e doit témoigner qu’il ou elle a intégré les « compétences professionnelles » de la tâche décrite.

Cette épreuve de rattrapage, mise en place au nom de l’équité entre les voies de formation, propose des modalités très éloignées de celles de l’enseignement général et technologique où les candidats-tes repassent trois matières qu’ils ou qu’elles choisissent.

Manifestement, cet oral conforte l’idée que cette nouveauté a été « pondue » avec un objectif purement économique : une seule épreuve, un seul jury.

Cerise sur le gâteau, la note de cet oral sera additionnée à la moyenne générale. Le total divisé en deux fournira la note finale du candidat.

La moitié d’un examen repose sur une tâche professionnelle réalisée en entreprise !

Nous sommes loin d’une formation de qualité visant à transmettre aux élèves les savoirs pratique, théorique et critique. Que l’enseignement dit « général » soit le grand absent de cet oral (exit les langues, les maths, les arts appliqués... ) n’est, dans cette logique, pas une surprise. La vérification du niveau est désormais réduite à la portion congrue : compétences en entreprise ! Les représentants du « monde de l’entreprise » étant cordialement invités à siéger dans les jurys des oraux, le doute n’est plus permis.

97% de taux de réussite garanti !

Si dans la forme cet oral réunit tous les ingrédients permettant l’arbitraire le plus total, sur le fond, il vise à faire de l’enseignement professionnel public une « boîte à diplômes » patronaux.

De nombreux collègues, sans être opposé/es au principe d’un oral de rattrapage sont décidé/es à refuser de faire passer cet oral « sauce MEDEF » avec ce contenu et dans ces conditions.

En conséquence, SUD Éducation :

 exige la suspension immédiate de cet oral pour la session 2009 et exige que soient proposées aux candidat-tes des épreuves de rattrapage à l’image de celles des autres filières ;

 appelle les personnels à refuser de faire passer les oraux de rattrapage et à envoyer collectivement la lettre ci-jointe au Recteur ;

 dépose un préavis de grève couvrant les personnels la ou les semaines durant lesquelles ces oraux seront organisés .

TOUS EN GREVE, LORS DES ORAUX DE RATTRAPAGE DU BACCALAUREAT PROFESSIONNEL

 Lettre intersyndicale CGT, FO, SNCL, Sud-Education, SNUEP-FSU et SNEP-FSU

Monsieur le Ministre de l’Education Nationale
S/c de Monsieur le Recteur d’Académie

En cours d’année scolaire, vous avez institué une épreuve orale de contrôle qui devrait se dérouler en juillet 2009. Cette décision n’a fait l’objet d’aucune concertation avec notre organisation syndicale.
Si nous ne sommes pas opposés au principe d’une épreuve de rattrapage pour les candidats des baccalauréats professionnels, les conditions dans lesquelles celle-ci est mise en place sont inacceptables.

Le coefficient attribué à cette l’épreuve (50 % de l’examen) conduit à rendre négligeables les enseignements généraux et même les enseignements professionnels théoriques dans l’obtention du baccalauréat. Cela dévalorise de fait ces enseignements.

Le support matériel de cet « oral de contrôle » repose sur la pratique professionnelle en entreprise
(par définition inégalitaire,). Cette évaluation ayant déjà été effectuée, cette épreuve de contrôle risque de n’être qu’une version « allégée » de ce qui a été fait. Les élèves n’ont même plus les documents des dossiers (l’annexe que doivent compléter les candidats n’est qu’un simple A4 dressant une liste des lieux de stage, des activités exercées et des moyens utilisés...).

Pour les personnels cette épreuve telle qu’elle est définie (contenu et coefficient) aboutirait à une dévalorisation de la valeur du baccalauréat. Le baccalauréat professionnel doit s’appuyer sur des socles solides de compétences pour légitimer le niveau de qualification visé et être reconnu sur le marché de l’emploi.

La précipitation et le manque de concertation entraîneront forcément une inégalité de traitement entre les candidats pour la session 2009.

Les personnels soussignés demandent l’ouverture de négociations pour élaborer une épreuve de rattrapage plus conforme aux exigences pédagogiques.

De façon transitoire pour la session 2009, nous souhaitons que cette épreuve ne se déroule pas. Nous demandons que les dossiers scolaires de tous les candidats ayant obtenu entre 8 et 10 sur 20 soient examinés par les jurys académiques. Ceux-ci seront les mieux à même pour se prononcer sur la délivrance du diplôme.

Commentaires

  • Je suis une des « candidates » ayant passé ce rattrapage du bac pro avec une moyenne jeudi de 9.47 puis le lendemain matin à QUIMPER l’épreuve de rattrapage.Vendredi soir sur internet résultat : le fameux 8 comme d’autres candidats !!! à QUIMPER et dans d’autres académies !! que faut-il que je fasse maintenant !! me dire que c’est à cause de ce boycottage que tout est fini ? pas d’accord moi aussi j’ai le droit de m’exprimer et d’en être la première désolée !! il fallait refuser de nous recevoir tout simplement !!!

    • Nous avons diffusé les déclarations de Sud Education et de l’intersyndicale (CGT, FO, SNCL, Sud-Education, SNUEP-FSU et SNEP-FSU) - parce que le SUNDEP partage ces positions - pour l’appel à la grève et au boycott de cette épreuve de rattrapage, donc pour ne pas participer à cette mascarade.

      A aucun moment il n’a été question de mettre 8 à tous les candidats.

      Cet appel a pour but de défendre la qualité du bac pro et l’équité pour tous les candidats. Ce boycott n’est en aucun cas dirigé contre les candidats.