Organisation des stages pour les masters « métiers de l’enseignement »

jeudi 27 août 2009


Suite logique des décrets sur les nouveaux concours sortis en catimini le 29 juillet, une circulaire du 20 août 2009 définit les nouvelles règles pour les stages des étudiants en master « métiers de l’enseignement ».

Ce texte entérine bien sûr la disparition de l’année de stage rémunérée dont bénéficiaient les lauréats précédents, tout en ajoutant un an de formation aux frais de l’étudiant.

Elle prétend remplacer ce manque à gagner (d’environ 15.000 €) par des « indemnités » de 3.000 €, seulement en 2e année, lesquelles font en plus l’objet d’un quota (seuls 50.000 stages seraient pris en charge, chaque étudiant en effectuant plusieurs).

Par ailleurs, l’apprentissage progressif du métier qui prévalait jusque là est remplacé par une formation plus éloignée de la pratique professionnelle, puis par la plongée directe dans les classes !

 Les missions de l’enseignant

 mission d’instruction des jeunes qui sont confiés à l’École, ce qui implique une bonne maîtrise de toutes les compétences nécessaires au niveau requis ;
 mission d’éducation selon les valeurs républicaines, ce qui implique une connaissance précise des principes, des lois qui les traduisent, mais aussi un comportement exemplaire dans l’exercice des fonctions ;
 mission de contribuer à l’insertion sociale et professionnelle des élèves, ce qui induit également la capacité à favoriser l’ouverture culturelle des élèves et une bonne connaissance de l’environnement économique et social de l’École.

Commentaire SUNDEP

L’intitulé de ces trois missions est une indication sur la réorientation idéologique que veut imprimer le pouvoir :
 « instruction » renvoie à la conception très rétrograde qu’on peut observer dans les programmes de primaire par exemple : le « Lire, écrire, compter », les méthodes de rabachage, les cours de morale ...
 le « comportement exemplaire dans l’exercice des fonctions » renvoie, lui, à la vision ultra-hiérarchique en vigueur (on voit déjà l’utilisation qui va être faite de cette expression face aux éventuels « désobéisseurs »...)
 « mission de contribuer à l’insertion sociale et professionnelle » : l’école est ainsi réduite à la seule fonction de formation de futurs travailleurs ... y compris pour les élèves les plus jeunes ?

 Les stages

Dans le cadre des cursus de master et des concours de recrutement, les étudiants devront pouvoir se familiariser avec les différentes dimensions du métier d’enseignant à travers des stages adaptés :
 faire cours et faire apprendre,
 conduire une classe et individualiser son enseignement,
 exiger des efforts et donner confiance,
 susciter l’intérêt,
 évaluer les aptitudes et percevoir les talents,
 aider l’élève dans son projet d’orientation,
 communiquer avec les parents.

Deux types de stage sont proposés aux étudiants inscrits aux préparations des concours à l’université.

1 - Des stages d’observation et de pratique accompagnée

Les étudiants seront présents par binôme dans la classe d’un enseignant titulaire du second degré, d’un maître d’accueil temporaire ou d’un maître formateur du premier degré ou seront placés auprès d’un documentaliste ou d’un conseiller principal d’éducation (C.P.E.) titulaires. _ La proportion entre observation et pratique accompagnée résultera du projet de formation concerté entre l’académie, l’université et l’étudiant concerné.
Ces stages, groupés ou filés, seront organisés pour une durée inférieure à 40 jours et dans la limite de 108 heures.
Le stagiaire ne perçoit aucun salaire ni gratification.

Les périodes d’observation confronteront les étudiants aux situations professionnelles rencontrées par les professeurs, les documentalistes ou les C.P.E. : selon les cas,
 l’organisation et la préparation d’un enseignement,
 la nécessité d’aborder telle ou telle notion complexe,
 l’aide à l’apprentissage,
 l’organisation de la vie scolaire d’un établissement,
 l’organisation de la documentation,
 l’évaluation,
 la prise en compte de la personne de l’élève,
 la gestion du groupe-classe.

Les périodes de pratique accompagnée donneront lieu à une ou plusieurs mises en pratique concrète : préparation et conduite d’un cours ou d’une séquence d’enseignement, suivi d’un projet de classe, préparation et conduite d’une évaluation, encadrement de la classe, préparation d’un conseil de classe ou d’un conseil d’école, aide au fonctionnement du centre de documentation et d’information et utilisation des ressources documentaires, suivi des absences des élèves et repérage des élèves « décrocheurs ».

À partir de l’année universitaire 2010-2011, les stages d’observation et de pratique accompagnée seront destinés aux étudiants de M1 et M2.

2 - Des stages en responsabilité.

L’étudiant prendra la responsabilité d’une classe d’école, de collège ou de lycée ou exercera les fonctions de documentaliste ou de C.P.E. dans un établissement.
Pour le premier degré, l’étudiant stagiaire prend en charge l’ensemble des activités d’une classe pendant les 24 heures d’enseignement dispensées à tous les élèves auxquelles s’ajoutent les heures d’aide personnalisée. Il participe, le cas échéant, aux travaux de l’équipe pédagogique aux côtés de l’enseignant titulaire de la classe.
Les activités confiées au stagiaire ne peuvent excéder, par semaine, 27 heures (stage en école) ou 18 heures (stage en établissement) ou 36 heures (documentaliste) ou 35 heures (C.P.E.).

Ces stages, groupés ou filés n’excéderont pas 108 heures. Ils seront rémunérés à raison de 34,30 euros brut de l’heure, soit une rémunération nette d’environ 3.000 euros pour un stage de 108 heures.
Cette rémunération couvre l’ensemble des frais et activités du stagiaire.

Les stages rémunérés en responsabilité seront offerts aux étudiants inscrits aux concours de recrutement. Dans le premier degré et le second degré, ils pourront intervenir en particulier lorsque des enseignants suivent des formations. Dans le second degré, ils pourront aussi contribuer à enrichir l’offre d’enseignement. L’organisation des stages devra veiller à la compatibilité (volume horaire, emploi du temps) avec les études poursuivies dans le cadre du master et de la préparation aux concours.

Commentaire SUNDEP

« Dans le premier degré et le second degré, ils pourront intervenir en particulier lorsque des enseignants suivent des formations. Dans le second degré, ils pourront aussi contribuer à enrichir l’offre d’enseignement. »
On le voit, le stagiaire, loin de toute logique de formation, pourra aisément être le « bouche-trou » de service pour les remplacements, les matières manquant d’enseignants ...

Principales modalités de mise en œuvre

Sur l’ensemble du territoire, seront organisés :
 au moins 50.000 stages d’observation et de pratique accompagnée permettant d’accueillir un minimum de 100.000 étudiants ;
 au moins 50.000 stages en responsabilité.

A partir de l’année universitaire 2010-2011, les stages en responsabilité seront destinés aux étudiants de M2.

Dès l’année universitaire 2009-2010, des stages d’observation ou de pratique accompagnée et des stages en responsabilité devront être proposés aux étudiants inscrits aux concours de recrutement et inscrits dans une formation de niveau master ou déjà titulaires d’un M1 ou d’un M2. L’objectif est, qu’au total, ces étudiants bénéficient de 108 heures de stage.

Les deux types de stages feront l’objet de conventions tripartites entre les universités et les services académiques ou les établissements et le stagiaire. En outre les stages en responsabilité donneront lieu à l’établissement d’un contrat pris en application de l’article 6-2e alinéa de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l’État.

Pour le premier degré, les stages d’observation et de pratique accompagnée seront organisés dans les classes des maîtres d’accueil temporaires ou des maîtres formateurs. Un maître formateur référent sera désigné pour les stages en responsabilité.

Pour le second degré, les stages d’observation et de pratique accompagnée seront organisés dans la classe, le C.D.I. ou le service de vie scolaire de l’établissement, d’un enseignant d’un documentaliste ou d’un C.P.E. d’accueil. Selon les cas, un enseignant, un documentaliste ou un C.P.E. référent sera désigné, pour les stages en responsabilité. Il donnera un avis sur la définition de l’emploi du temps de l’étudiant stagiaire. Il assurera auprès de l’étudiant stagiaire un rôle de conseil et de formation, en particulier pour les étudiants intervenant en stage en responsabilité.

Les étudiants stagiaires préparant les concours de l’enseignement privé sont également concernés : le recteur pour le second degré et l’inspecteur d’académie pour le premier degré désigneront, en accord avec les chefs d’établissement, les classes dans lesquelles interviendront les étudiants en stage.

Les formateurs universitaires responsables de la formation des étudiants au métier d’enseignant participeront à l’évaluation des stages en lien avec les référents et, dans le premier degré, les professeurs des écoles maîtres formateurs ainsi que les maîtres d’accueil temporaires. En partenariat avec les écoles et les établissements scolaires ils veilleront à la bonne insertion de ces stages dans le cadre des masters. Les universités seront invitées à coordonner et structurer de l’action de ces formateurs.