Un « plan jeunes », cache misère de l’absence de politique en direction des jeunes

vendredi 9 octobre 2009


L’avenir des jeunes nous intéresse à plus d’un titre :
 parce qu’ils sont nos élèves ou tout juste anciens élèves,
 parce qu’ils représentent l’avenir du pays,
 parce que les plus jeunes de nos collègues en sont,
 parce qu’accessoirement nous avons des enfants ...

Or, alors que les jeunes français sont seulement 25,6% à croire en l’avenir qu’on leur réserve (contre 59,6% des danois), le gouvernement Sarkozy pond un plan « jeunes » qui relève du miroir aux alouettes.

500 millions d’€ promis, quand les niches fiscales coûtent plus de 70 milliards d’€ par an, la loi Tepa (dont le bouclier fiscal) 8,5 milliards, la TVA à taux réduit pour les restaurateurs 2,4 milliards, la suppression de la taxe professionnelle 11,7 milliards en 2010, les allégements de cotisations sociales près de 30 milliards...

La jeunesse n’est pas la priorité de N. Sarkozy (élu il est vrai largement grâce aux voix des plus âgés), on le savait, ça se confirme !

 Extension sous condition du revenu de solidarité active (RSA) aux moins de 25 ans

En réalité, seule une petite partie des jeunes Français seront en mesure de le toucher. Plus de 20% des 18-24 ans vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, mais seulement 2% des jeunes pourront toucher ce revenu.

Un RSA jeunes donc, mais pas un RSA généralisé. Deux conditions, et non des moindres, sont fixées pour l’attribution des 450 euros :
 avoir travaillé au moins 3600 heures, soit deux ans à temps plein, ou quatre ans à mi temps, sans interruption d’emploi au cours des trois années précédentes,
 avoir épuisé ses droits à l’assurance chômage ou avoir réduit son activité.

Le nombre de jeunes concernés est évalué (par le gouvernement) à 160 000, soit un peu plus de 2% des 8,18 millions de 16-25 ans en France. Rien n’est prévu pour les 1,2 million d’étudiants. Rien pour les 350 000 jeunes en IUT ou en STS…

Seule une allocation autonomie conséquente, versée à tous les jeunes, à l’instar des dispositifs mis en place au Danemark, en Suède ou en Norvège, sous forme de bourse ou de « bons mensuels » que les jeunes peuvent utiliser indifféremment pour leur formation initiale ou pour de la formation professionnelle, aurait une réelle efficacité dans la lutte contre la pauvreté des jeunes.

C’est d’abord un choix politique que le gouvernement ne semble pas prêt à faire.

Le coût pourrait d’une part être pris en charge par la refondation des dispositifs d’aide aux étudiants (bourses, aides au logement) et par la remise en cause de la demi-part fiscale, très injuste puisque cela revient à considérer que le « coût » d’un enfant est très différent selon qu’on ne paie pas d’impôt sur le revenu (donc aucun allégement) ou qu’on en paie beaucoup (dans ce cas la demi-part d’allégement fiscal joue à plein)

 Service public d’orientation ?

 rapprochement des différents acteurs « au-delà de l’éducation nationale » dans un service public d’orientation,
 « portail Internet unique et plateforme téléphonique commune »

Site unique : l’Onisep en a déjà développé un. Ce plan d’actions à venir est donc très éventé !

Depuis plusieurs années est engagé la privatisation de certaines fonctions et le transfert aux régions (donc financier !) des services d’orientation dans l’éducation nationale.
Cela va de pair avec un changement de philosophie : de l’aide à l’orientation en direction des jeunes et de leur famille (pour mûrir un projet) on passe à un asservissement total aux logiques économiques.

Avec même sur ces dernières logiques des dérives : risque de formations à contre temps (car il est impossible de prévoir sur le long terme les besoins des branches), rétrécissement des formations aux besoins immédiats quand il faudrait au contraire les élargir pour préparer aux mutations professionnelles.

 « Droit à la formation ou à l’emploi » et autres mesures...

« Priorité absolue » aux jeunes en rupture avec le système éducatif et « guerre sans merci contre le décrochage scolaire ».

Un droit à la formation ou à l’emploi serait créé pour les 16-18 ans qui quittent le système scolaire avec l’obligation pour l’Etat de leur assurer un suivi, des conseils et une offre de formation et/ou d’emploi.

Le dispositif Civis (Contrat d’insertion dans la vie sociale) qui accompagne les jeunes de 16 à 25 ans déscolarisés serait augmenté.

Le principal enjeu est l’accès des jeunes à l’emploi.
La droite continue à exonérer de charges et à aider les employeurs alors que de nombreuses études soulignent leur inefficacité. Les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy ne viennent que complexifier un « millefeuille » de dispositifs devenus totalement illisibles.

Une allocation autonomie universelle aurait l’avantage de se substituer à ce labyrinthe d’aides spécifiques.

Le taux de chômage des jeunes demeure près de trois fois plus élevé que pour le reste de la population, il n’est pas interdit de parler de discrimination.

Discrimination également pour ceux qui ont la chance d’obtenir un emploi : les jeunes sont surreprésentés dans les contrats précaires. Pour y remédier, c’est un changement radical de mentalité qui est nécessaire : il passe par des mesures contraignantes visant à limiter strictement le recours massif aux stages et autres CDD

L’observatoire des inégalités propose plusieurs dossiers :
 Qui sont les jeunes ?
 L’origine sociale des élèves en difficulté au collège
 Chômage : la crise frappe davantage les jeunes hommes