Réforme des retraites en 2010 : encore moins de beurre et toujours pas l’argent du beurre !

lundi 7 décembre 2009


Une réforme des retraites publiques comme privées est en préparation, et tout nous indique qu’elle va bouleverser les règles en vigueur, certainement pas dans le sens d’une plus grande justice sociale.

En effet, les acteurs de cette négociation (gouvernement, MEDEF et un syndicat [1] qui s’est illustré dans le passé en apportant son soutien aux précédentes régressions) ne nous rassurent pas, ainsi que les premières hypothèses qu’ils mettent en avant.

En France, le système des retraites est encore largement basé sur un contrat inter-générationnel : les salariés actifs payent, avec la partie socialisée de leur salaire (les cotisations sociales), les pensions des retraités actuels. Une fois leur tour venu d’être à la retraite, leurs pensions seront prises en charge par les actifs de la génération suivante.

Or, depuis 1993, date de la réforme dite Balladur (suivie des réformes Fillon en 2003 et 2007), les gouvernements successifs, sous prétexte de sauver un système soit-disant en péril1, s’acharnent à détruire ce principe de solidarité hérité du programme national de la résistance de 1945 :
 allongement de la durée de cotisations de 37,5 ans à 40 ans ( puis à 41 ans en 2012 et 42 ans ensuite, le MEDEF demandant 45 ans !) avec une décote de 5% par année manquante,
 prise en compte des 25 meilleures années (au lieu des 10) pour les salariés du privé,
 indexation des pensions sur les prix et non plus sur les salaires

Cependant, loin de combler le différentiel entre les cotisations perçues et les pensions versées, ces différentes réformes auront eu comme effet de faire baisse considérablement (de 20 à 25 % en moyenne ) le montant des pensions versées aux salariés du privé (baisse du pouvoir d’achat de 0,3 % par an pour le régime général et de 0,6 % par an pour le régime complémentaire) comme aux fonctionnaires (0,5 % par an), d’après le CERC (Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale).

Ce qui pourrait se traduire de façon triviale par « Ni le beurre, ni l’argent du beurre ».

Malheureusement, le pire est à venir !

En effet, le COR (Conseil d’orientation des retraites), à la demande du Parlement dans le cadre de la loi annuelle sur le financement de la Sécurité sociale, a annoncé la préparation pour janvier 2010 de son fameux « Rapport sur les modalités techniques d’un passage éventuel vers un régime par points ou un régime de comptes notionnels » tant souhaité par le MEDEF et Sarkozy.

Selon Jean-Marie Harribey, économiste et co-Président d’ATTAC : « Il s’agirait de franchir un pas supplémentaire dans le démantèlement du système de retraites collectif
 par la méthode douce […] : le système par points. Déjà en vigueur dans les régimes complémentaires du privé (Arcco et Agirc), le principe est d’accumuler tout au long de la vie active des points dont il suffit de fixer la valeur. [...]. Le taux de remplacement n’est plus garanti et l’ajustement se fait par la baisse de la valeur du point. [...].

 La méthode forte introduirait un système par comptes individuels « notionnels » […]. On introduit ainsi le principe de la neutralité actuarielle : l’âge de départ à la retraite doit être neutre en termes de sommes perçues pendant tout le temps de retraite. Que je parte à la retraite à 60 ans, à 65 ans ou plus, la somme globale que je recevrai jusqu’à ma mort sera égale, mais, si je pars tôt, elle sera répartie sur une durée plus longue et pour un montant mensuel plus faible, compte tenu de mon espérance de vie à cet âge. […] »

On peut néanmoins être sûr que cette réforme, qui toucherait le public comme le privé, interviendra sitôt les régionales passées, après un matraquage médiatique que le gouvernement prépare déjà par la voix de ses portes-flingues habituels qui lancent depuis quelques temps des ballons-sondes au sujet des retraites (partir à la retraite à 67 ans paraît déjà inévitable).

C’est pourquoi, dès maintenant…


[1la CFDT

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