Ecole d’Eglise:fin de condamnation de la mixité il y a tout juste 50 ans.

vendredi 11 mars 2016


La mixité scolaire a été très longtemps condamnée par les autorités religieuses de l’Eglise. Il faut attendre 1966, il y a tout juste cinquante ans, pour que cela cesse. Comme l’ont remarqué les historiens François Furet et Jacques Ozouf, « cela a été plus qu’une règle : une obsession. Dans les statuts synodaux, la recommandation est constante, tirée des autorités les plus hautes et des conciles"

Et cela a duré bien au-delà de la Révolution française, et même de l’établissement et de l’affermissement de la République. En 1929, l’encyclique « Divini illius Magistri » du pape Pie XI réaffirme la position traditionnelle de l’Eglise qui condamnait formellement la coéducation, considérée comme fausse et nocive parce que fondée sur le naturalisme et la négation du péché originel : « c’est une erreur, pernicieuse à l’éducation chrétienne, que cette méthode dite de ‘’coéducation des sexes’’, méthode fondée aux yeux d’un grand nombre sur un naturalisme négateur du péché originel. En outre, pour tous ses tenants, elle provient d’une confusion d’idées déplorables qui remplace la légitime communauté de vie entre les hommes par la promiscuité et le nivellement égalitaire ».

Il faut attendre 1958 pour constater un certain assouplissement dans le seul document canonique paru à cette époque (à savoir l’« Instruction de la S.C. des Religieux sur la coéducation »). Certes la coéducation proprement dite ne peut toujours pas être approuvée en soi d’une façon générale (conformément à l’encyclique « Divini illius Magistri »), mais des écoles catholiques mixtes peuvent être instituées, en prenant toutes les précautions, en particulier dans les cas où la nécessité pratique impose d’éduquer les jeunes gens et les jeunes filles en même temps.

Le pas décisif n’est franchi qu’en juin 1966, ( il y a seulement cinquante ans !), lorsque le Comité national de l’Enseignement catholique français se déclare favorable à la mixité scolaire « dans un monde moderne qui met de plus en plus en relations les garçons et les filles ». La note de juin 1966 du Secrétariat général de l’Enseignement catholique français souligne qu’ « au moment où l’activité des jeunes s’exerce toujours davantage sous le signe de la mixité, de nombreux établissements catholiques sont amenés à accueillir garçons et filles dans les mêmes classes, à tous les âges, afin de constituer des ensembles scolaires plus complets » .

Elle appelle même à mettre en œuvre une ‘’véritable coéducation’’ : « là où, pour des raisons purement administratives, on se contente de faire vivre ensemble garçons et filles sans mettre en œuvre ni une coinstruction ni une coéducation, il en résulte pour les jeunes plus d’inconvénients que d’avantages : responsables et éducateurs, qui s’orientent vers la mixité des établissements, ont le devoir grave de mettre en œuvre une véritable coéducation qui réponde aux exigences pédagogiques précises de cette situation nouvelle ».

1966 après Jésus Christ ! Il n’ ya pas de quoi s’en vanter auprès des musulmans qui n’en sont que 1394 années après l’hégire. Allez les filles !

Blog de Claude Lelièvre historien de l’Education