Cherche prof en prépa - Femme et mère s’abstenir

lundi 28 mars 2011


26 mars 2011

Le problème avec les femmes, c’est qu’elles tombent enceintes. Après elles s’occupent de leurs enfants et sont moins disponibles pour le boulot. Heureusement que le mari travaille... On croyait ce discours révolu. Pas dans l’Education nationale : une inspectrice vient de le servir à une prof consternée.

Tout commence par un apparent malentendu. Une enseignante d’histoire-géo de lycée s’aperçoit que ses collègues - des hommes mais elle n’y prend pas garde - ont reçu un courrier de l’inspectrice pédagogique régionale (IPR), les informant qu’un poste se libérait en khâgne dans l’académie. Elle n’a rien reçu, croit à un oubli et écrit pour le signaler. La réponse de l’IPR vaut son pesant de cacahuètes :

"Chère collègue,

ce n’est pas un oubli de ma part, ce poste demande une énorme charge de travail très peu compatible avec le métier de mère de famille (même si les choses évoluent c’est très lent), je ne l’ai donc signalé qu’à des collègues hommes ou des collègues « femmes » sans enfant, c’est sûrement une vision très passéiste mais très réaliste.

La question tournante en khâgne est très (trop) éprouvante pour soi et pour son entourage.

Bonne journée.« On remarquera les guillemets accolés à la femme sans enfant qui ne mérite pas tout à fait le nom de femme car elle n’est pas mère. On notera aussi que mère de famille est un métier qui vous boufffe toute votre énergie. puisqu’on n’arrive pas à assumer »la question tournante" (c’est-à-dire le programme qu’il faut bosser tout l’été). Alors que l’homme, plus costaud et qui ne s’occupe pas des enfants, y arrive.

L’inspectrice, qui vit quand même un peu dans notre époque, reconnaît que les choses bougent mais très lentement. Et manifestement, elle ne tient pas à les bousculer.

Pour être juste, il faut reconnaître que tout ça part plutôt d’un bon sentiment, une sorte de solidarité désuète entre dames qui font des « réunions tupperware » à la maison parce que « les boîtes, ça simplifie quand même la vie ». On suppute que l’inspectrice a trouvé difficile de tout assumer. Peut-être même qu’elle se reproche de n’avoir pas été assez présente, de n’avoir pas vu que le petit fumait, que le grand séchait ....

En tout cas, débordée par tout ce qu’il faut faire à la maison, l’IPR-prof d’histoire n’a pas fini le programme. Et elle s’est arrêtée à l’après-guerre.

"C’est classe !

A l’affût de tout ce qui bouge, de l’école à la fac, par Véronique Soulé, journaliste à Libération."